
Taken 2, un jeu dangereux
Le kidnapping de Kim (Maggie Grace), fille de l’ex-agent de la CIA californien reconverti en garde du corps occasionnel Bryan Mills (Liam Neeson) dans Taken a donné lieu à l’une des courses-poursuites les plus rythmées et déterminées du cinéma français il y a quatre ans. L’escapade parisienne de Kim avec une amie, sur les traces d’une tournée du groupe U2, les avait entraînées dramatiquement droit dans la gueule d’une organisation de proxénètes albanais et les bas-fonds de la capitale française. Après un sauvetage aussi musclé que passionné, c’est au tour des Albanais de prendre leur revanche.
Souvenez-vous, une bande originale signée Ghinzu, Holly Valance, Nathaniel Mechaly et Pauline de Saxe. Un sombre embrouillamini entre un ancien agent de choc, son ex-épouse Lenore (Famke Janssen) qui l’avait quitté pour ses absences répétées (justifiées par des missions spéciales) remariée à un riche business man, et leur fille de 17 ans sage mais en quête d’indépendance. La paranoïa de Bryan, ses soirées barbecue entre collègues, sa méfiance à l’égard des voyages (surtout concernant sa jeune progéniture en mal de repères), et la réalisation de son cauchemar lorsque le voyage qu’il a autorisé à contrecœur (et non sans force recommandations sécuritaires) tourne à l’enlèvement mafieux de sa fille et de sa meilleure amie et compagnonne de route.
Destinée par l’impitoyable Marko Hoxha à devenir un morceau de viande pour le juteux business de la traite des blanches, personne ne donnait cher de la peau de Kim Mills. Mais Bryan, armé et déterminé, avait finalement tiré le fruit de ses entrailles des griffes de la terrible mafia albanaise de Tropoja, non sans tous les avoir brutalement assassinés. Du travail de pro. Ayant reconquis la confiance de son ex-femme et de sa fille (revenue saine et sauve), Bryan pensait que le cauchemar avait pris fin. Mais lors d’une mission de protection d’un riche voyageur à Istanbul, où Bryan a invité Lenore et Kim à passer quelques jours de vacances, la branche de la mafia restée au pays, dirigée par le père de Marko, Murad Hoxha, trouve l’occasion de saisir une vengeance bouillant dans leurs veines depuis les événements parisiens, non sans prévoir une dose de cruauté respectable à l’égard des trois américains.
Taken 2 cherche à redémontrer la supériorité physique et psychologique du personnage de Bryan Mills. Brillant, rompu au combat à mains nues comme aux armes blanches et à feu, le papa-coq semble presque doté de super-pouvoirs, sachant s’orienter n’importe où et s’adapter à toutes les circonstances. On regrette la réalisation de Pierre Morel (Taken, Banlieue 13 , Banlieue 13 : Ultimatum) tant les prises de vues sont mal choisies, mal calibrées, hésitantes. La pauvreté des dialogues comme du scénario est surprenante, Luc Besson l’ayant écrit et produit (associé à Robert Mark Kamen). Quelques moments feront rire le spectateur, ou l’intéresseront sans conteste.
Mais les nombreuses incohérences de scénario, de déplacement, de capacités des personnages, et l’inanité des scènes familiales censées attendrir le spectateur réduisent à néant l’intérêt de la moitié du film. L’action commence bien trop tard pour être savourée, la diversité des cultures montrées (albanaise, turque, musulmane, orientale en général) n’est pas explicitée, ce qui ne produit pas l’impression d’exotisme attendue après les aventures parisiennes de Liam Neeson. Une suite somme toute méritant d’être vue par les inconditionnels du précédent, mais où les réserves exprimables par chacun se comptent par dizaines.
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