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SALOUM, les esprits de l’Afrique

SALOUM, les esprits de l’Afrique

10 January 2023 | PAR Adam Defalvard

SALOUM est un projet ambitieux de Jean Luc Herbulot, un film mélangeant les codes du western et du film d’horreur, avec lequel le réalisateur espère créer un tout nouveau genre cinématographique propre à l’Afrique, le southern. 

Fuite au Sud 

SALOUM raconte l’histoire de trois mercenaires, Chaka, Rafa et Minuit, en cavale suite à un gros coup, qui vont se cacher dans la région du Sine Saloum. Dans cette région pleine de mystères ils vont faire profil bas dans un camp de vacances, mais entre les secrets que renferme Chaka et une force obscure qui rôde, les vacances ne seront pas de tout repos…

Le Sine Saloum est magnifique, nous pouvons commencer par cela, les plans filmés depuis le ciel s’attardant sur la végétation et le fleuve de la région captent l’oeil, particulièrement lorsque le crépuscule apparaît. Sur le plan sonore là aussi le film est très réussi, les musiques composées par Reksider sont dynamiques et accompagnent superbement l’image. Le son est très important dans le film, il y a Awa, récemment arrivée dans la camp de vacances, qui est sourde et muette et lors d’une promenade dans le village voisin, Minuit remarque quelque chose de bizarre avec les oreilles des habitants… 

Mélange des genres

Le film utilise beaucoup de codes classiques des différents genres dans lesquels il s’inscrit, mais c’est le mélange de tous ces éléments qui permet justement d’empêcher le cliché. On retrouve les rouages du film de vengeance, avec un petit “twist” de milieu de film, puis les codes du film d’horreur avec la classique “personne qu’il ne fallait pas tuer” et les règles à suivre pour réussir à battre l’élément fantastique. Les personnages ne sont pas développés en profondeur mais ce n’est pas nécessaire, les acteurs sont excellents et arrivent à insuffler à leurs personnages une personnalité attachante.

Le mélange fait de l’effet et on se prend rapidement au jeu avec le côté explosif du western, l’émotion de la vengeance et bien sûr la légende évoquée dans le film, qui prend d’ailleurs racine dans une vraie légende, celle de la malédiction du roi Gana Sina Bana.

La pirogue de la vengeance

Malgré un petit ralentissement au moment de l’arrivée du surnaturel et un abus des séquences “émotions”, l’énergie revient pour le final. Le film peut d’ailleurs se vanter d’avoir une fin réussie, c’est à dire de finir mal, ce qui est étonnement trop rare dans beaucoup de films d’horreur. Les derniers plans, comme ceux qui ouvrent le film, sont magnifiques et la caméra s’attarde sur l’eau mouvante du long fleuve du Saloum et donne à cet élément une force surnaturelle.

Le cinéma est un terrain de jeux et Jean Luc Herbulot joue avec les codes pour donner une originalité à son film, sa volonté de créer un nouveau genre est à saluer, comme il le dit : “Il est temps à mes yeux que l’Afrique trouve à son tour un genre qui lui soit propre, et comme il paraît que nos cartes nous situe au sud…” On espère que de nombreux réalisateurs lui emboîteront le pas et que d’autres southerns verront le jour !

SALOUM de Jean Luc Herbulot et produit par Paméla Diop, sortie dans les salles le 25 janvier 2023.

Avec : Yann Gael, Evelyne Ily Juhen, Roger Sallah, Mentor Ba, Bruno Henry, Renaud Farah, Ndiaga Mbow, Babacar Oualy, Marielle Salmier et Abdou Basse Dia.

Visuel : Affiche officielle de SALOUM.

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Adam Defalvard

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