
“L’inventaire” au Festival du film slovène : une ouverture sous le signe de l’humour
Le Festival du film slovène a commencé le 29 septembre aux 7 parnassiens, avec comme film d’ouverture L’inventaire de Darko Sinko, inspiré d’une nouvelle de Capek Karel, “Tentative de meurtre”.
Boris est un homme sans histoires. Pourtant, après un dîner ordinaire, il se fait tirer dessus. La stupeur passée, il appelle la police, qui lui demande d’établir une liste de ses ennemis. Une liste large, qui doit englober les personnes qui lui sont le plus proches : nos assassins sont souvent ceux en qui nous avons le plus confiance. Le voilà sombrant dans un monde où chacun est suspect, craignant que sa femme ou son fils ne le tue…
Une adaptation personnelle
La nouvelle de Capek Karel dont s’inspire Darko Sinko se concentre sur les réflexions intérieures de Boris : sa certitude d’être un homme aimable, et donc aimé de tous, est battue en brèche par cette tentative de meurtre. Il s’avère que son appartenance à l’élite sociale l’a amené, sans en avoir conscience, à mépriser ses subordonnés. La charge satirique repose alors sur le décalage entre ses certitudes et ce que le lecteur perçoit entre les lignes.
Le personnage de Boris devient, chez Sinko, un homme ordinaire, méprisé plus que méprisant. Ce qui intéresse le réalisateur dans la nouvelle de Capek Karel est en effet moins la satire sociale que la façon dont une vie rangée peut, d’un seul coup, voler en éclats. Le recours à l’humour permet, là aussi, de mettre en évidence cette mécanique.
Un humour volontiers absurde
Le brusque changement induit par un coup de feu qui n’a, somme toute, tué personne, fait en effet l’objet d’un traitement comique. Le jeu de Rados Bolcina, qui joue Boris, y est pour beaucoup : il oppose aux propos agressifs ou rancuniers de ses proches le visage ébahi d’un homme dépassé par les événements. Il promène son incompréhension dans toute la ville, cherchant avec maladresse l’auteur du tir.
Les dialogues également participent de ce comique de situation : les interlocuteurs de Boris lui répondent toujours à côté ou avec une sincérité désarmante, qui n’est pas pour rassurer cet antihéros. Il en ressort un film drôle et émouvant, où l’intrigue policière devient un prétexte à une réflexion sur les relations humaines.
L’inventaire fut primé au Festival du film slovène de Portoroz (prix du meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleur acteur dans un second rôle, musique originale…).
Le festival, parrainé par Stanislas Merhar, dure jusqu’au 2 octobre et accordera une belle place aux films de réalisatrices. Toutes les projections sont suivies d’échanges avec les équipes des films.
Visuel : Festival du film slovène