Cinema
Les courts-métrages en Compétition à Cannes 2017

Les courts-métrages en Compétition à Cannes 2017

01 June 2017 | PAR Geoffrey Nabavian

Au cours de la dernière journée de projections inédites à Cannes, on a pu découvrir, en séance de fin de journée, plusieurs pépites courtes. Hélas, il n’y avait que deux prix à donner, au final…

pepe-le-morse__lucrece-andreae__extract2_vostenTrès belle idée cannoise que celle de nous permettre de découvrir, en toute fin de Festival, la suite de courts-métrages en lice pour la Palme du court. En un samedi moins frénétique, on a pu accueillir ce point d’orgue avec toute l’ouverture possible. Sans pouvoir assister, hélas, à toute la séance… Du même coup, la qualité du lauréat de la fameuse Palme, Une nuit douce de Qiu Yang, ne nous est pas connue. On rappelle que cette récompense a couronné Crin-Blanc, puis Le Ballon rouge, d’Albert Lamorisse, en 1953 puis 1956, La Rivière du hibou de Robert Enrico (1962), La Traversée de l’Atlantique à la rame de Jean-François Laguionie (1978), Merlin ou le Cours de l’or d’Arthur Joffé (1982), Peel de Jane Campion (1986), Vykrutasy de Garri Bardine (1988), 50 ans de Gille Carle (1989), Omnibus de Sam Karmann (1992), Coffee and Cigarettes III de Jim Jarmusch (1993), L’Interview de Xavier Giannoli (1998), Trafic de Catalin Mitulescu (2004), Megatron de Marian Crisan (2008), ou Chienne d’histoire de Serge Avédikian (2010). Un plaisir de pouvoir les citer tous.

En revanche, Le Plafond, de Teppo Airaksinen, couronné par une Mention spéciale au soir du dimanche 28 mai, nous a tapé dans l’œil. Ce récit finlandais drolatique d’un homme exilé dans un chalet au bord d’un lac, pour cause de divorce en cours, contient suffisamment de personnalité et d’originalité pour convaincre. Le personnage cité précédemment voit son meilleur ami, et le fils de celui-ci, lui faire une visite. Et demeurer stupéfaits : le plafond du chalet s’est affaissé ! Réduisant les pièces à l’état de placards… Pour y entrer, il faut désormais se plier en deux ! A cette situation se mélange une réflexion sur le divorce en Finlande. Bref mais très bien joué, par des comédiens si crédibles qu’on croit parfois voir un enregistrement de la réalité – cela justifierait-il la qualité grise des images ? – marquant de par son scénario concentré, et ouvert au mystère, ce Plafond nous a séduits.

Il en a été de même pour un film hélas resté sans récompense, Pépé le morse, de Lucrèce Andreae. Un court d’animation français à la technique splendide, et au scénario passionnant. Après l’incinération d’un vieil homme, sa famille se rend, guidée par la grand-mère, veuve, sur une plage. On est en octobre, et la fratrie râle un peu car il fait froid. Les réactions des personnages, à ce titre, demeurent superbement humaines, pas du tout lissées, malgré le dessin. Cet espace ensablé, où tous vont commencer à jouer ou à faire des sculptures, va tout à coup s’animer, et devenir menaçant. Une sorte de chagrin enveloppant va recouvrir cette famille… Bien écrit, mystérieux, très bien doublé et surtout très abouti, autant sur le plan de l’animation, à l’aspect artisanal, que du fond, Pépé le morse, candidat français, s’est révélé une réussite totale.

Deux autres courts qu’on a pu voir, A drowning man, originaire de Grèce, et L’Heure du déjeuner, film iranien, se sont aussi révélés assez convaincants. Un thème souvent vu – mais essentiel à évoquer – pour le premier, et une très grande dureté, pour le second, n’ont pas entaché leurs qualités de réalisation. Ces récits des destins d’un jeune palestinien, à la vie désormais dure et monotone en Grèce, et d’une très jeune fille issue d’un milieu pauvre en Iran, impliquée dans ce qui semble être un trafic de drogue, et obligée de se contraindre à des situations parfois terribles, témoignent de qualités prometteuses. Qui rendent leurs réalisateurs, Mahdi Fleifel et Alireza Ghasemi, à suivre. On note qu’on aimerait bien se garder de la marge pour voir cette Compétition à taille réduite, vrai vivier d’envies et de talents bien sélectionnés, en entier l’an prochain…

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Visuel : capture d’écran d’un extrait de Pépé le morse © Lucrèce Andreae / Caïmans Productions

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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