
La mort en Douce, le polar virtuose de la compétition avec un Brad Pitt au sommet de sa forme
Le réalisateur de l’ « Assassinat de Jessie James » est allé dénicher un auteur de romans policiers des années 1970, « L’art et la manière » de George V. Higgins, et s’entoure d’un casting de rêve dont l’époustouflant Brad Pitt pour une mise en scène réussie d’une intrigue mafieuse très classique. Un excellent polar, même si l’aspect politique de l’adaptation ne fait que l’alourdir.
Eté 2008, Barack Obama fait campagne, rabâchant les idées libérales qui fondent les Etats-Unis alors même que la crise financière se glisse jusque dans la mafia. C’est au rabais que le porte-parole du gang d’une petite ville de Louisiane délugée d’orages (mytérieux Richard Jenkins) veut engager des spécialistes pour punir comme il se doit un braquage dans un tripot illégal. Tenu par Markie (Ray Liotta), ce tripot a été dévalisé par deux petits jeunes (Scoot McNairy et Ben Mendelsohn). Mais le public croit que c’est Markie lui-même qui a fait le coup, car il s’était déjà volé lui-même lorsqu’il tenait d’autres tables de jeu. Selon l’avis d’expert de Jackie (Brad Pitt) il va falloir proprement se débarrasser de lui, des deux petits jeunes et de leur commanditaire, afin de rétablir l’ordre. Pour l’aider le professionnel Jackie engage Mickey qu’il fait venir de New-York (James Gandolfini, qui joue le même rôle que dans les Sopranos). Mais ce dernier traverse une grande crise et se met à boire et baiser plus que de raison pour un tueur en mission.
Adaptation réussie dans la Louisiane des années 2000 d’une intrigue simple des droites du Massachussetts des années 1970, « Killig them softly » repose fermement sur son scénario classique, son rythme lent et original, et surtout – comme Jessie James – sur ses dialogues à la fois profonds, crus, drôles et décalés. Brad Pitt est simplement grandiose et les autres gangsters suivent. Bref, il n’y avait pas besoin d’alourdir une pâte aussi aérienne par des considérations politiques plombantes sur la crise des subprimes et ce qu’elle révèle des dérives de l’individualisme américain, surtout dans la dernière minute du film qui est terriblement moralisante au cœur d’une œuvre bien trop libre pour se permettre une telle chute. En matières de complications inutiles, la jolie scène de trip à l’héroïne n’apporte rien non plus à un polar magistralement joué et filmé. Malgré ces petits impairs, « la mort en douce » est régal visuel, à la fois vintage et actuel, à découvrir à l’automne prochain dans les salles françaises.
La mort en douce (« Killing them softly ») d’Andrew Dominik, avec Brad Pitt, Scoot McNairy, Ben Mendelsohn, Richard Jenkins, James Gandolfini, et Ray Liotta, USA, 1h38. En compétition. Sortie le 17 octobre 2012.
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