Cinema
Festival de Cinéma Jean Carmet 2022 :  “DE GRANDES ESPERANCES” de Sylvain Desclous

Festival de Cinéma Jean Carmet 2022 : “DE GRANDES ESPERANCES” de Sylvain Desclous

18 October 2022 | PAR Farah Malaoui

 

Dans le cadre du Festival de Cinéma Jean Carmet, qui se déroule à Moulins du 12 au 18 octobre, le film a été projeté en avant-première. DE GRANDES ESPERANCES de Sylvain Desclous avec Rebecca MARDER et Benjamin LAVERNHE participe à la compétition avec 4 talents nommés dans la Catégorie Second Rôle : Marc Barbé, Pascal Elso, Emmanuelle Brercot, et Cédric Appietto.

Par Farah Malaoui

L’histoire démarre durant l’été 2019. Diplômée de Sciences-Po, Madeleine part préparer les oraux de l’ENA en Corse avec Antoine son amoureux qui partage ses convictions politiques très à gauche. Elle y fait la rencontre d’une ancienne Ministre qui laisse présager d’une belle complicité à venir. Au détour d’une petite route déserte, le couple se retrouve impliqué dans une altercation qui tourne au drame. Le secret qui les lie désormais pèsera lourd sur leur future carrière…

Sous l’apparence tranquille de la nature Corse, le scénario nous convie à ourdir les fils du destin menacé de 2 personnages aux parcours diamétralement opposés. L’histoire nous balade à travers les sentiers corses et les détours de la politique. Avec un point de vue sociologique, le film articulé comme un polar nous montre la violence sinueuse d’un déterminisme ambiant.

Malgré la noblesse des convictions communes, des repères différents balisent les chemins. Idéaliste pour elle, intouchable pour lui. Les seconds rôles sont structurants et délimitent par avance le schéma censé se reproduire. D’un côté, Marc Barbé charismatique et taiseux, désabusé qui a foi en sa fille ; de l’autre côté, Pascal Elso jouant de sa superbe, démontre le cynisme de sa toute-puissance, au détriment parfois de sa progéniture. Emmanuelle Bercot impeccable dans sa posture, incarne avec justesse l’autorité d’une femme engagée qui sait subtilement composer avec le pouvoir sans pour autant se compromettre. Et enfin Cédric Appietto fondu dans le décor symbolise, le départ de l’intrigue et le point de bascule vibrant tout au long du film.

La crédibilité du récit s’incruste dans des cadres hyper actuels, comme celui de l’emploi avec la menace de fermeture d’une usine ou encore l’observation du théâtre politique dans sa représentation excessivement masculine. Et nous interroge en dégradé sur la corruption qui affleure, la culpabilité paralysante et le courage de sortir de soi. Plus loin, elle questionne l’héritage de la filiation qui peut défendre ou entraver l’existence, et ce, quelque soit l’origine sociale. En réponse, c’est la question œdipienne qui est explorée, et une autre notion du lègue, aussi forte qu’invisible.

A partir d’un incident banal qui lui est arrivé en Corse, Sylvain Desclous trame un récit sociologique tendu et intelligent qui brouille les apparences et inverse les prescriptions. Au-delà de la fable contemporaine, le film questionne l’objet politique lui-même et sa part de vertu. Efficace et magistral.

Date de sortie : le 8 février 2023

Visuel : affiche

Derrière les paupières de Françoise Pétrovitch à la BNF
« L’Annonce faite à Marie » : Philippe Leroux et Célie Pauthe font écho à la nuit
Farah Malaoui

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration