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Étrange Festival 2021 : body horror et climat bizarre se déploient dans Tin Can, en Compétition pour le Grand Prix Nouveau genre

Étrange Festival 2021 : body horror et climat bizarre se déploient dans Tin Can, en Compétition pour le Grand Prix Nouveau genre

13 September 2021 | PAR Geoffrey Nabavian

Le passionnant festival de cinéma, vivier de pépites hors-format, dévoile en ce moment sa Compétition Internationale, au sein de laquelle on remarque Tin Can. L’Étrange Festival se poursuit jusqu’au 19 septembre à Paris, dans les salles de projection du Forum des images.

En cette année 2021, la Compétition Internationale de l’Étrange Festival compte douze films, qui concourent comme d’habitude pour le Grand Prix Nouveau genre, décerné en fin d’édition et permettant à l’œuvre récompensée d’être achetée par Canal+ pour une diffusion à l’antenne. Si le canadien Tin Can, présenté dans le cadre du Festival dans cette Compétition, ne fait pas de concessions aux spectateurs et exige participation active et patience, il paraît s’inscrire totalement dans l’axe que creuse le passionnant Festival de cinéma depuis des années. Tin Can apparaît au final comme un film de chair torturée, de métal crissant et suintant, de flashes qui égarent, d’atmosphère curieuse et déstabilisante.

Réalisé par Seth A. Smith, il prend place dans un futur d’anticipation, où un virus nommé “le corail” ravage totalement l’humanité en faisant subir aux hommes et femmes de douloureuses métamorphoses physiques, et suit une scientifique venant de découvrir un remède possible, se retrouvant tout à coup piégée dans un caisson d’hibernation, à la façon de l’héroïne du film Netflix Oxygène. La comparaison s’arrête là : d’une part Tin Can exploite le genre du huis-clos dans un espace très petit pas sur toute sa durée, et d’autre part, il en tire des séquences bien plus pesantes, moins haletantes. Sans oublier de produire aussi quelques plans esthétiques à partir de cette situation, travaillés pour faire naître une angoisse viscérale… En fin de compte, le film met donc cet élément de scénario au service d’une vision précise et d’une atmosphère.

Tous les procédés dont use la mise en scène et le scénario de Tin Can apparaissent destinés à livrer un point de vue sur la situation mise en place, un point de vue aiguisé et gardant un côté terriblement humain, tout du long. Toute volonté d’épater ou de marteler un message est absente : une structure et un climat éclatés la remplacent, très justement. Sur le plan de la forme, on sent donc aussi, à la vision du film, que l’on se trouve face à un univers aux règles bien établies. Des règles qui influent sur le rythme du métrage, exigeant, et le rendent d’autant plus intéressant. La limite de ce travail paraît néanmoins, hélas, résider dans son fond, tissé de thèmes assez rebattus, qui plus est dans le cinéma de science-fiction parlant de science.

On se dit donc au final que le film est peut-être trop court : on se prend à l’imaginer pourvu d’une heure supplémentaire, qui aurait pu élargir encore davantage l’atmosphère qu’il installe et le faire atteindre à un niveau anxiogène remarquable. Ses thèmes de fond auraient ainsi davantage été donnés à ressentir, à vivre, à éprouver, et distance et côté déjà-vu se seraient trouvés quelque peu annihilés. Mais tel quel, Tin Can demeure intéressant, et porteur surtout d’une vision très personnelle, qui donne envie d’être creusée, côté forme.

Tin Can sera projeté à nouveau le mardi 14 septembre à 17h45, dans le cadre de l’Étrange Festival. Il a peu de chances de sortir dans les salles de cinéma françaises, ou même en DVD et Blu-Ray, et demeure donc à voir dans ce cadre, du fait de l’originalité qu’il parvient à offrir.

En 2021, l’Étrange Festival offre, outre ses autres sections, une fenêtre sur l’œuvre un peu secrète du japonais Atsushi Yamatoya, mort en 1993, et une autre sur l’américain Fred Halsted, véritable pionnier du porno gay, mort en 1989. Ceux qui se voient offrir des Cartes blanches pour présenter des films qu’ils aiment sont, cette année, la réalisatrice Lynne Ramsay et l’écrivain de science-fiction Pierre Bordage.

L’Étrange Festival continue jusqu’au dimanche 19 septembre, à Paris dans les salles de projection du Forum des images. Programme et informations : https://bit.ly/3liYKrq

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Visuel 1 : Tin Can © Cut/Off/Tail Pictures

Visuel 2 : détail de l’affiche canadienne de Tin Can

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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