
Climax: Gaspar Noé au Top
Après avoir erré à Cannes du côté de la sélection officielle le sulfureux réalisateur de Irréversible et Into the Void a fait sensation au Cinquantenaire de la Quinzaine des Réalisateurs. Chapeau bas et mains en l’air pour Climax.
Tout commence par la fin et par un petit cocorico proud « Made in France ». Comme les étiquettes qu’on coud à l’envers sur les vêtements d’enfants, Climax joue avec le haut et le bas à inverser les pôles pour moyeux nous faire faire des tours de manège. Vient ensuite une série d’interviews sur le vieux téléviseur du salon à l’époque où il était encore dans le salon et coincé entre des livres. Des jeunes qui rejoignent une troupe de House et de Crump pour une tournée de danse internationale témoignent: sur leur rapport à l’identité, à la danse et à la droite. Fond noir, on les retrouve à une fête, seuls et idoles dans une espèce d’école perdue dans la neige. Ils font leur show, rougeoyants et sublimes. Pour eux mêmes, c’est presque un film sur la danse sur une BO aux petits oignons (Cerrne, moroder, Daft Punk…).
Le Générique arrive au milieu du film pour saper la performance et c’est après que tout s’emballe dans une bouffée de Paranoia attendue et juste géniale. Quelqu’un a piégé la Sangria. Le bad trip commun est une plus qu’une orgue : c’est un rite, un rituel, un carnaval hallucine qui se rapproche plus des Maîtres fous de Jean Rouch que de Requiem for a Dream de Aronofsky. Dans une image bleutée, en suggérant plus qu’il ne montre réellement,Noé abolit les frontières entre réel et fiction, haut et bas, vie et mort dans Une expérience cinématographique que tous, y compris ceux que ses provocation laissent d’habitude de marbre, ne peuvent que saluer. Un des plus grands films de cette cuvée 2018 cannoise, toutes sections confondues.
Climax, de Gaspar Noé, Sofia Boutella, Adrien Sissoko, Claude Gajan Maull, Lea Vlamos, Sarah Belala, Strauss Serpent, 1:35, Wild Bunch, en Compétition à la Quinzaine des Réalisateurs, sortie français le 19 septembre 2018.
Photo : Yaël Hirsch