Cinema
[Cannes, Un certain regard] Un « Charlie’s country » à visiter, ou à chercher en compagnie de Charlie

[Cannes, Un certain regard] Un « Charlie’s country » à visiter, ou à chercher en compagnie de Charlie

23 May 2014 | PAR Geoffrey Nabavian

L’australien Rolf de Heer, superbement secondé par l’acteur David Gulpilil, nous livre un très beau conte moderne situé dans son pays. Avec un aborigène pour héros. Plein d’émotion et de subtilité, Charlie’s Country est un film à voir, et ce quelle que soit votre sensibilité.

[rating=4]

Charlie s countrySouvenez-vous: on parlait, à propos d’une grande partie des films de la section Un certain regard 2014, de manque d’équilibre entre forme et fond. Bonne nouvelle: le nouveau film de Rolf de Heer effectue la synthèse tant désirée. A la direction d’acteurs et à la technique cinématographique, exceptionnelles, s’ajoute la peinture remplie de vie d’une situation inextricable.

Le « pays de Charlie », c’est ce territoire intérieur commun que les aborigènes d’Australie ont perdu, avec les législations faites sur leur statut. L’histoire débute dans la « communauté » aménagée pour eux, faite de maisons rudimentaires et de supérettes, se poursuit dans le bush, puis dans la grande ville. Charlie, vieil homme désespérément inadapté en quête du moyen de se sentir bien, traverse différents états, qui changeront au final sa situation… sur le plan intérieur. Extérieurement, il restera édenté, pris de toux, mal habillé.

Quel charisme, ce David Gulpilil. Et tranquille en plus. Quel talent, ces partenaires: aborigènes, ou flics chargés du maintien des règles les concernant. Quelle émotion de voir Charlie revenir à la nature, monologuer, parler au poisson qu’il mange, entendre les esprits. Quelle justesse, ces scènes de paupérisation dans la grande ville. Et quel changement dans les plans lors de l’arrivée à… Chut, ne révélons pas tout.

Cinéaste aux sujets variés – on lui doit Bad Boy Bubby (1995), La Chambre tranquille (1997) et 10 canoës, 150 lances et 3 épouses  (2006) – Rolf de Heer fait ici preuve de son talent de conteur. Cette histoire, bien que riche en partis pris formels, est accessible à tous. Dès que le film sortira, courez-y.

Charlie’s country, un film de Rolf de Heer avec David Gulpilil, Peter Djigirr, Luke Ford, Dan Wyllie, John Brumpton. Drame australien, 1h48.

Visuels:  © Droits réservés

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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