![[Arras Festival] Le très bon « No one’s child », ou « L’Enfant sauvage » dans l’histoire serbe](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2015/11/No-one-s-child-557x377.jpg)
[Arras Festival] Le très bon « No one’s child », ou « L’Enfant sauvage » dans l’histoire serbe
Lors de notre séjour à l’Arras Film Festival, on a pu voir cette oeuvre présentée en section « Visions de l’Est », qui alliait très bien maîtrise, et arrière-plan réfléchi.
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La Serbie du début des années 90, vue à travers les yeux d’un garçon découvert dans la forêt : tel est le projet de ce film signé Vuk Rsumovic, l’un des meilleurs qu’on ait vu à Arras cette année (bien loin du sinistre Monument to Michael Jackson de l’an dernier, film serbe également). On a pu trouver remarquable la description minutieuse de l’apprentissage des manières par Haris, l’enfant sauvage, au sein d’un centre pour jeunes en difficulté. On a aimé cette caméra, placée quasiment à même le sol pour suivre le héros, et ses bagarres avec les gens civilisés. On a goûté l’interprétation du tout jeune Denis Muric, et de ses partenaires, au premier rang desquels Pavle Cemerikic, l’interprète de Zika, ado qui va devenir le modèle de Haris. Et surtout, on a trouvé le projet abouti. Car Vuk Rsumovic sait parler sans lourdeur de la réalité traversée par son pays à la fin du XXe siècle, en se servant de personnages forts pour éviter le démonstratif : la toute jeune Alisa (talentueuse Isidora Jankovic), qui travaille dans un club par exemple. L’aussi jeune Zika qui croit que son père – qu’on ne verra jamais – peut lui offrir un début de carrière, mais qui reviendra, mortellement déçu, au centre. Ou la guerre, qui finira par attraper l’enfant de la forêt.
No one’s child sait rester prenant tout du long, en ne versant jamais dans l’exagération ou les bons sentiments. Et en s’autorisant quelques ruptures de ton brutales. Dommage qu’il perde un peu son versant historique, vers la fin : on aurait aimé que la réflexion soit encore plus poussée, vis-a-vis de l’éclatement de la Yougoslavie, par exemple. Mais le film reste pertinent jusqu’au bout : on se dit que cet « enfant de personne » est peut-être l’enfant d’un pays dont l’identité s’est perdue, à la fin du siècle dernier… A voir.
Le Festival International du Film d’Arras se prolonge jusqu’au dimanche 15 novembre.
No one’s child, un film de Vuk Rsumovic. Avec Denis Muric, Pavle Cemerikic, Isidora Jankovic, Milos Timotijevic… Drame, Serbe. Durée : 1h35.
Visuel : © Soul Food Films