
Sarlat: “El agua” L’eau et les rêves

Dans le sud-est de l’Espagne, la crue du fleuve menace. Une jeune adolescente de 17 ans, Ana, vit sa première histoire d’amour, sous le poids des croyances et préjugés du village. Un très joli film (présenté à la Quinzaine cannoise), à découvrir le 29 mars.
Dans L’Eau et les rêves, le philosophe Gaston Bachelard écrivait que “Un corps qui sort de l’eau est un désir avant d’être une image.” Ici, l’eau du fleuve, noire, sale, imprègne tout et s’impose comme un sujet d’inquiétude. “Du temps de ma grand-mère, on pouvait s’y baigner” dit une jeune fille, “aujourd’hui, même pour cent euros je ne me baignerai pas“.
Le petit village a connu, au fil des siècles, des crues meurtrières. Alors, une légende populaire a été forgée : L’eau déborderait lorsqu’elle tombe amoureuse d’une femme. Soit cette femme se laisse prendre par l’eau et disparaît, soit elle résiste et le fleuve se venge sur le village. Croyance ancestrale, qui repose sur une ou deux disparitions attestées, un peu par l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. Il paraît, aussi, que l’eau entre dans ces femmes, de l’intérieur, sensation étrange, sûrement troublante.
Cet été-là, la belle Ana (Luna Pamies) tombe amoureuse de José, de retour au village. Entre eux, l’attirance est évidente, très forte. Le père de José s’en inquiète, car les femmes de la famille d’Ana ont mauvaise réputation. Sa mère, séduisante et libre, mais aussi sa grand-mère. Une scène de confidences entre Ana et sa grand-mère, nue dans la baignoire, est particulièrement touchante.
Un très joli film sur la transmission, la nature et la liberté, porté par de superbes actrices.
El agua, de Elena Lopez Riera, Suisse, Espagne, France, 1h44, avec Lun Pamies, Barbara Lennie, Nieve De Medina, Alberto Olmo. Sortie le 29 mars 2023.
visuels: photo officielle du film.