Madame Hyde : Isabelle Huppert et son double-visage électrique, par Serge Bozon
Libre adaptation de Stevenson par Serge Bozon avec Isabelle Huppert, Madame Hyde emmène le double monstrueux dans un lycée de Banlieue. Sortie le 21 mars.
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Professeur de physique insignifiante, Mme Géquil (Isabelle Huppert) se fait molester par ses étudiants cruels et un proviseur (Romain Duris) très satisfait de lui-même. Lorsqu’elle rentre le soir à la maison, son mari au foyer (José Garcia) lui fait de bons petits plats qu’elle ne mange pas. Dans son laboratoire de la cour du lycée, la foudre lui tombe dessus et lui apporte un regain d’énergie et d’autorité. Elle parvient même à faire sortir de lui-même son étudiant le plus en refus de l’école (Adda Senani)…
Après avoir fait le tour des festivals et valu à Isabelle Huppert (réellement et comme presque toujours époustouflante) un prix à Locarno, ce Madame Hyde coloré de Serge Bozon co-écrit avec Axelle Ropert nous arrive enfin en salles avec le printemps. Mais malgré la photo soignée qui nous plaît tant chez Bozon et malgré de formidables acteurs dans des personnages loufoques (palme à Romain Duris génialement à contre-emploi en proviseur passif agressif), le conte fantastique en banlieue difficile ne prend pas. Les scènes de cours sont presque gênantes de banalité, malgré un duo de blondes pénibles parmi les ouéchards « issus de la diversité ». Les cours de physique sont ineptes (et pourtant Huppert donne son maximum) et les moments crus et violents d’injures raciales (qui avaient aussi lieu dans Tip Top en 2013) ne font que renforcer la gêne. Dommage que tant de talent et de grains de folie se heurtent au mur d’une réalité qu’ils ne font que caricaturer sans originalité.
Madame Hyde, de Serge Bozon, avec Isabelle Huppert, Romain Duris, Adda Senani, José Garcia, France, 2017, 1:35, Haut et Court. Sortie le 21 mars 2018.
Visuel : affiche du film