
“Ava” de Léa Mysius, la révélation annoncée de la Semaine de la Critique 2017
Annoncé comme le relais féminin, “fémis” et formel de Grave l’an dernier, le premier opus de Léa Mysius, Ava, est plus proche du naturalisme de Rebecca Zlotowski que du jeu sur le genre de Julia Ducournau. Scénariste des Fantômes d’Ismaël avec et pour Desplechin, Léa Mysius signe avec ce long qui réflechit sur la victoire de l’ombre un joli portrait de jeune fille plus en rage qu’en fleur.
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Ava, c’est le désir. A 13 ans l’héroïne qui porte ce prénom sait que sa vue est à très court terme condamnée. Alors qu’elle vit seule avec sa mère (touchante et sexy Laure Calamy) et sa petite soeur Inès, Ava a décidé, vaille que vaille de passer “le plus bel été de sa vie”. Et plutôt aux côtés de Juan (Juan Cano), le beau gitan qui vit avec son chien dans un ancien blockhaus près de la mer qu’avec sa mère à la plage…
Avec un premier plan qui est comme une photo de Martin Parr, une narration qui prend royalement le pli de la fuite en avant amoureuse et sauvage, une BO musclée (Amadou et Mariam, Rosemary Standley…) et une actrice éblouissante dont en entendra reparler, Noée Abita, Ava marque par sa maîtrise de l’image et son travail subtil sur la lumière pour signifier l’arrivée progressive d’une apocalypse annoncée. Le rythme est travaillé pour un premier film aux thèmes attendus (les premiers émois sensuels d’une jeune-fille, la mère écrasante de féminité, l’amour exotique libre et Rom) et poétiques. Un film d’un classicisme revisité avec couleurs, liberté et exigence, qui marque certainement cette 56ème Semaine de la Critique.
Ava, de Léa Mysius, avec Noée Abita, Laure Calamy, Juan Cano, 2017, France, 105 min, Bac Films, Sortie le 21 juin 2017. En compétition de la Semaine de la Critique 2017.
visuels : (c) Bac Films.