Marché de l'art
Les biens de la famille d’Orléans exposés chez Sotheby’s

Les biens de la famille d’Orléans exposés chez Sotheby’s

22 September 2015 | PAR Franck Jacquet

Pendant quelques jours, les biens de la famille d’Orléans, regroupés sous le nom « Une collection pour l’histoire », sont exposés à la Galerie tenue par Sotheby’s qui laisse voir comme à l’habitude quelques grands trésors avant leur dispersion lors des ventes des 29 et 30 septembre prochains. A ne pas rater, notamment pour le célèbre portrait de Louis XIII par Philippe de Champaigne. Mais pas seulement !

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Grandes heures de France…

Bien évidemment, les grands biens, ceux qui seront sans doute les plus prisés par les acheteurs, sont les objets classés au Trésor national. On trouve donc le Champaigne, quelques registres particulièrement importants (finances royales, « personnelles » ou non, journaux…), mais aussi un Vigée Le Brun. Surtout, on est étonné de voir un portrait par Probus le Jeune d’Henri IV à seulement 20.000 – 30.000 euros ! Les registres de la construction du château d’Amboise sont de la partie… Aussi la branche cadette des Bourbons, reliée donc aux Capétiens, a su conserver quelques bribes de Louis IX, Saint Louis, objets ici présents. C’était bien un argument dynastique sans cesse repris dans le débat politique au XIXe siècle, pour faire pièce aux prétentions des Bourbons.

Par quelques grands tableaux retraçant essentiellement l’apogée de la dynastie au milieu du XIXe siècle, surtout entre les années 1820 et les années 1870, c’est donc une partie de l’histoire de France qui est retracée. Les décorations (Ordre du Saint-Esprit…), objets habituels des ventes, sont proposées en grand nombre. La Glorieuse Révolution ou encore les unions dynastiques avec la famille de Naples représentent des dates familiales tout autant que nationales. Bien évidemment, la présence du duc d’Aumale, grand patriarche de la dynastie au XIXe siècle et grand collectionneur, plane sur l’exposition.

Ajoutons à celui-ci un autre membre, un peu moins connu, sauf pour les férus d’histoire coloniale ou militaire. Joinville, autre représentant de la dynastie cadette des Bourbons, s’est illustré dans l’armée et a consigné ses souvenirs grâce à une série d’aquarelles exposées à l’étage. Elles mêlent mémoire personnelle et histoire nationale avec un aplomb assez sublime. Cet homme avait sans aucun doute une belle conscience de son rang ! Au-delà, ses aquarelles témoignent des représentations du temps : la perception des dangers de la marine de guerre, les clichés orientalistes (autour de l’Algérie notamment)…

… et intimité familiale

A côté de ces grandes pièces ou de ces aquarelles édifiantes, on trouve des lots de dessins, aquarelles ou objets à valeur familiale. De nombreux portraits de pastel de la fin du XVIIIe siècle rappellent l’ancienneté de la branche dynastique à proprement parler (issue du frère de Louis XIV) de même que des linges ou objets du for intérieur. Peu sont des objets à caractère sacré. Peut-être demeurent-ils conservés dans la famille. Il ressort de ces lots une prégnance toute particulière de la transmission filiale et générationnelle (une véritable piété filiale dans la famille où l’on fait attention aux enfants plus qu’ailleurs), ce qui est bien logique pour une famille de rang royal ayant donné un Roi des Français, Louis-Philippe, et de nombreux prétendants, dont le Comte de Paris auquel appartenaient justement tous ces lots. A y regarder l’essentiel de ce qui est exposé donc, le caractère familial ressort bien plus que le politique. On admirera (oh ironie !) un « fantastique » point de croix de la Reine des Français, représentant sa famille, bien caché dans l’escalier, sans doute pour que le visiteur note moins cet incroyable manque de talent. Le petit ouvrage est tout de même mis en vente ! Ce sont bien des reliques d’une famille qui sont exposées, pas les symboles d’une souveraineté, ou si peu. Celle-ci a été perdue définitivement dans les années 1860 à la faveur de la fusion dynastique (avec les Bourbons donc). L’intitulé de l’exposition « Importants tableaux, dessins, meubles et souvenirs historiques appartenant à la famille de France » semble donc presque dénoter par rapport à la réalité, hormis encore une fois les pièces majeures du rez-de-chaussée.

La vente

Les objets sont visibles gratuitement jusqu’au 29-30 septembre, jours de vente. Les héritiers du Comte de Paris décédé dans les années 2000 dispersent donc pour une vente qui s’annonce exceptionnelle, à la hauteur du marché aujourd’hui, et comprenant tout un pan de leurs collections. Pour l’histoire, ils ont rappelé qu’ils conservaient d’autres biens. Pour ceux qui le souhaite, le catalogue est en ligne.

La prétention politique et monarchique des Orléans semble bien s’achever avec la vente des souvenirs de sa puissance dans quelques jours. Cette vente est donc bien plus qu’une vente de biens aristocratiques, elle est la mise à l’encan d’une mémoire monarchique, pour certains d’une culture politique.

Informations pratiques :

Sotheby’s, 76, rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris 8 (métro Concorde – Madeleine) — Jours : Les 19, 21, 22, 23, 24, 25, 26 et 28 septembre (10h-18h) — Entrée gratuite

Visuel : couverture du catalogue de vente (c) Sotheby’s

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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