
Les petits papiers de Claudine Drai ajoutent de la beauté à la beauté chez Guerlain
L’Âme du temps est une exposition comme un souffle labyrinthique qui laisse forcément une trace… parfumée. Jusqu’au 6 janvier 2019, la sculptrice Claudine Drai pose ses papiers de soie dans tous les espaces du 68, avenue des Champs-Elysées.
Le 68 est une adresse mythique puisque c’est là que dans les années 1910 les Guerlain ont fait construire cet hôtel particulier qui était leur maison et leur lieu de création. Les histoires se racontent à la pelle, et c’est Thierry Wasser, le maître parfumeur de la Maison qui nous glisse que dans le bureau se trouvait La Pie de Monet, celle qui fut refusée par le Salon de 1869, et qu’avant son arrivée au Musée d’Orsay elle était noire des fumées des cigares consommés là.
Mais nous sommes là pour l’actuel. Et l’actuel, ce sont les mots et le geste de Claudine Drai que les spectateurs des Hivernales connaissent bien. Car oui, il y a du mouvement ici, dans la soie devenue ultra blanche qu’elle manipule comme des origami déstructurés.
Comme dans un test de Rorschach dans un écrin de luxe, chacun verra ce qu’il voudra dans ces oeuvres sans titre qui entrent en résonance avec chaque espace du 68. Poupées alignées, mariée sans tête, papillons s’échappant… Venez, et imaginez. Elle dit : “J’ai fait glisser le parfum dans mon monde. En travaillant avec des nez, j’ai retrouvé des sensations que je connaissais : le rapport au temps, la déraison. Le parfum est dans l’univers de l’âme.”
Car tous ses projets intègrent l’olfaction et pour cette exposition, Thierry Wasser et Delphine Jelk ont créé un parfum inspiré des évanescences des travaux de Claudine Drai. Une ode dont, nous dit le nez, “on ne discerne rien, c’est voyage moléculaire dans l’infini”.
“Il n’y a pas de lieu privilégié pour montrer l’art”, rappelle l’artiste. Et elle voit juste. Pour autant la Maison Guerlain n’est pas une simple parfumerie, elle a toujours été un centre d’art et le symbole du luxe. Le lieu même est une icône, comme l’incroyable couloir de marbre de Jean-Michel Frank, se trouvant à l’Institut le prouve bien. Rendez-vous donc à la maison mère, qui fête ses 190 ans cette année, pour découvrir la douceur des toiles en relief de Claudine Drai.
Visuel : ©Amélie Blaustein Niddam