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Nouveau cycle « Des histoires sans fin » au Mamco de Genève

Nouveau cycle « Des histoires sans fin » au Mamco de Genève

25 November 2013 | PAR Yaël Hirsch

Depuis le 12 octobre, le musée d’art contemporain de Genève a transformé son intérieur pour proposer un nouveau cycle d’«Histoires sans fin » où les œuvres du musée dialoguent avec des pièces prêtées de manière temporaire. Un joli panorama, dont le regretté sculpteur français Toni Grand est le roi

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Alors que le fameux cirque trône non loin sur la place du même nom, le Mamco de Genève est un lieu assez atypique : immense bâtisse en béton, il superpose les pièces d’exposition comme une modeuse frileuse ajoute des couches de vêtements en hiver. Les pièces changent et le numéro de la version du lieu est indiqué sur un cartel. Tout ceci en mêlant des œuvres permanentes signées signées Claude Rutault (voir la photo de ses variations colorées sur le carré de Malevitch), Richard Prince, François Perrodin, Jean-Paul Riopelle, Sarkis, Dan Flavin, Robert Morris ou Christo (formidable pièce réservée au Corridor Store front de 1967). Certaines œuvres font partie du décor immuable du musée, au même titre que son vestiaire engoncé dans un abri… anti-atomique ! Ainsi, des toilettes du premier étage « designées » par Étienne Bossut, Philippe Parreno, Stéphane Steiner (voir photo). Ou encore des néons de Maurizio Nannuci qui ponctuent l’ascension de la cage d’escalier.

L’effet palimpseste est renforcé par une exposition véritablement temporaire au 4e étage : Le regard du bègue, où certaines toiles faisant partie d’expositions passées se retrouvent suspendues au même lieu, dans une optique de réflexion sur la mémoire. Et par un « cabinet » de dessin au troisième étage, qui fait un peu « bande-annonce » du reste de la grande exposition « Des histoires sans fin » où l’on découvre ou redécouvre des artistes qui vont dans deux directions :

– l’assaut de l’espace : de grandes sculptures, d’abord, avec des œuvres de l’allemande Katinka Bock et du héros du lieu, qui est probablement le sculpteur Toni Grand (1935-2005), « curaté », ou en tout cas présenté par Bernard Ceysson (2 photos), proche du mouvement Supports/Surfaces. Aussi grandiose, La Chute, de Delphine Reist, crée une impression d’effondrement du plafond au troisième étage. Les cartographies de Dennis Oppenheim et les maquettes acidulées de Siah Armajani jouent également sur la situation des corps dans l’espace.

– second thème important : l’intime politisé, avec plusieurs salles dédiées à Sherrie Levine, qui copie des toiles classiques et travaille sur la citation face au moi, les lambeaux de féminité des Lampa di memoria de Marion Baruch et les douloureux clichés de Je serai mon propre ciseau, d’Hannah Villiger. Enfin, le travail de Victor Burgin sur Wagner dans le cadre du Geneva Wagner Festival a la faculté de lier intimité et grandiloquence du mythe des Niebelungen.

Musée atypique, très marqué architecturalement, le Mamco fonctionne comme un grand palimpseste, laissant voir, même dans ses expositions les plus récentes, combien l’art a pu porter de messages politiques forts et comment les artistes ont pu réellement remettre nos sociétés et nos lieux communs en cause, à une époque où les idéaux n’étaient pas qu’une question de forme.

Infos pratiques

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Galerie Carré d’artistes
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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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