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Majestueux Zao Wou-Ki à la Fondation Pierre Gianadda

Majestueux Zao Wou-Ki à la Fondation Pierre Gianadda

27 December 2015 | PAR Yaël Hirsch

Jusqu’au 12 juin 2016, le maître chinois de l’abstraction Zao Wou-Ki (1920-2013), mort en Suisse, à Nyon, est à l’honneur à Martigny. La Fondation Pierre Gianadda réunit en effet dans son admirable espace ouvert 80 œuvres du peintre qui sait faire le lien entre encre chinoise, avant-garde européenne et expressionnisme abstrait américain. A la fois méditatif et magistral. 

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Né à Pékin en 1920, étudiant de l’école des Beaux-arts de Hangszou où il apprend calligraphie, le dessin et la peinture; Zao Wou-ki s’installe à Paris en 1948. Il se lie d’amitié avec Henri Michaux qui l’encouragera dans les années 1970 à utliser l’art de l’encre chinoise différemment mais entre-temps, il fait le tour de l’Europe puis découvre les Etats-Unis et l’avant-garde autour de Barnett Newman aux côtés de Pierre Soulages.

L’exposition de la fondation Pierre Gianadda rend hommage à ce grand artiste devenu abstrait dès les années 1950 à travers 80 oeuvres exceptionnelles venues de grands musées Européens et, pour beaucoup, de collections privées. Au cœur de l’espace si typique et si ouvert de la Fondation, les  immenses triptyques de peintres vivent et vibrent comme nulle part ailleurs.

Au niveau -1, c’est donc plutôt de manière chronologique qu’on est incité à redécouvrir l’oeuvre de Zao Wou-Ki. Après une première toile de portrait, les années 1950 sont marquées par des tableaux qui ont encore des titres, mais dont les motifs très européens (Corrida, Place à Venise…) semblent déjà tendre vers un abstrait à la Paul Klee.

Les années 1960 constituent un tournant avec d’immenses compositions abstraites, aux couleurs volontiers sombres sous des couches de peintures fascinantes. sauf exception ou précision (Hommage au compositeur Varèse, à l’architecte Jose Luis Sert, hommage à sa deuxième épouse après sa mort, May…) les œuvres de Zao Wou-Ki ne portent plus que leur date pour titre. En premier plan, sur les châssis les plus grands, la peinture semble traitée comme de l’encre chinoise. La Fondation montre pas mal d’œuvres des années 2000, toujours abstraites, mais où le peintre qui a vécu jusqu’à 93 ans semble jouer et rejouer de la couleur autant qu’il peut (par exemple dans la très jolie composition  du 11. 06.2005 “Le vert caresse l’orange”).

Au deuxième sous-sol, l’on en apprend plus sur la vie du peintre, à travers narration et photos et l’on découvre des œuvres sur papier où l’art traditionnel de l’encre et de la calligraphie est à l’honneur, notamment à travers un immense paravent très impressionnant.

En remontant, l’on se prend à s’asseoir un peu partout pour se perdre – dans le désordre- dans plusieurs toiles de Zao Wou-Ki. Un grand maître, dont chacun reçoit l’oeuvre de manière très personnelle et qui est si rare dans nos musées qu’il faut absolument passer par Martigny pour aller voir cette magnifique rétrospective à la Fondation Gianadda.

visuels : YH.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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