
Les tribulations de David LaChapelle s’exposent au BAM de Mons (Belgique)
C’est la toute première fois qu’une rétrospective lui est consacrée en Belgique. Le photographe américain David LaChapelle (né en 1963) est exposé aux Beaux-Arts de Mons (BAM) du 28 octobre 2017 au 25 février 2018. Quelques mois seulement après la fermeture de l’exposition consacrée à Pierre et Gilles au musée d’Ixelles à Bruxelles, on retrouve ce même esprit pop de mises en scène photographiques à paillettes. Sauf que chez David LaChapelle, la joie truculente du duo gay a laissé place à une noirceur sans appel.
L’histoire est presque trop belle pour être vraie : après avoir passé des années à photographier des mannequins blondes alanguies sur le sol et des stars dans des costumes improbables, David LaChapelle a connu une illumination en 2006 en visitant la chapelle Sixtine au Vatican et a voulu changer la trajectoire de son œuvre. Plus sage dit-on, resserrée sur des paysages fantasmagoriques… Mais il est difficile d’observer une véritable rupture dans sa pratique et dans le choix de ses sujets, tant ceux-ci restent tape-à-l’œil, étrangement pailletés et aveuglés de flashs. David LaChapelle est l’artiste de l’Amérique la plus outrée qui soit, aux seins débordants, aux lèvres archi-pulpeuses, aux abdominaux saillants ; cette démonstration de force et de vanité se retrouvent dans les arrangements de ses décors, entièrement factices, évoquant la déchéance des architectures de notre époque – stations essence envahies par une nature qui reprend ses droits, usines fantastiques fabriquées au milieu du désert, avions perdus dans des nuages hallucinogènes.
Sur les deux étages du BAM de Mons se déploie donc une quinzaine de salles et autant de séries photographiques. La fascination du photographe pour la destruction a quelque chose de particulièrement séduisant : ses musées inondés, ses voitures fracturées et ses crashs d’avion colorés emploient parfaitement son sens du spectaculaire, tout en resserrant sa focale sur des compositions variées, empreintes d’un esprit éminemment warholien (comment ne pas y penser devant les voitures écrasées… Une citation, de toute évidence !).
Son obsession pour la fin du monde est toutefois plus dérangeante en ce qui concerne ses gigantesques compositions de groupe, où les chairs nues de mannequins et de modèles silliconées donnent la nausée. Aujourd’hui, cette iconographie semble banale, voire nauséabonde, répétitive, triste.
Mais reconnaissons-le, David LaChapelle a l’art de mettre en image des angoisses contemporaines, exacerbées depuis que Donald Trump s’est emparé de la Maison Blanche : ses portraits de mannequins extravagantes au milieu de paysages dévastés (par un ouragan, de toute évidence) résonnent avec l’actualité toute récente, et avec l’obscénité du président américain face à la détresse des habitants de Porto Rico (piqure de rappel : il a joué au basketteur professionnel en leur lançant des denrées). Les personnages de David LaChapelle sont à l’image du président orange : trop maquillés, consternants, sinistres.
De quoi sortir du musée avec des envies de douceur !
Informations pratiques :
David LaChapelle au BAM de Mons
Du 28 octobre 2017 au 25 février 2018
Ouvert du mardi au dimanche, 10h-18h
Tarifs : 9€ (plein) / 6€ (réduit) / 2€ (enfant) / 3€ (famille)