Expos

Les territoires de l’eau s’exposent cet été à la Fondation François Schneider

22 March 2021 | PAR Yaël Hirsch

Du 22 mai au 26 septembre, à la Fondation François Schneider de Wattwiller, les collections d’art contemporain dialoguent avec celles  du Musée du Quai Branly, à travers 120 œuvres qui interrogent le thème de l’eau.

Marie Terrieux directrice de la Fondation Schneider et commissaire de l’exposition Les territoires de l’eau explique que le projet initial était de créer une exposition à partir de l’eau, avec les collections du musée du Quai Branly ; puis, petit à petit, l’idée d’un dialogue avec les collections de la Fondation Schneider est venue. Elle a organisé cette exposition en cinq sections thématiques qui abordent divers aspects de l’eau : les techniques, l’environnement, l’impact dans le quotidien, l’imaginaire de l’eau, et l’eau et le sacré. Par exemple, le travail de la photographe polonaise Wiktoria Wojciechowska sur les imperméables en plastique en chine dialogue avec des capes de pluie des Philippines du XIXe siècle.

Constance de Monbrison, co-commissaire de l’exposition et responsable des collections Insulinde du musée du Quai Branly, a mis en avant la joie du dialogue et la richesse de « pouvoir étudier les œuvres des collections du Musée Branly sous un angle assez inhabituel », notamment celui de faire voir le « versant invisible » de ses œuvres, celui du geste de la main, souvent à la fois le plus technique et le plus modeste. Un bon exemple est celui du tissage des nasses pour pêcher. Une telle exposition encourage à interpréter en s’impliquant, notamment parce que nous sommes faits d’eau et que le thème fait entrer dans « un univers aquatique qui est aussi le nôtre ». Ainsi, au travers des territoires de l’eau, on relie l’intérieur et l’extérieur en permanence. 

Aurélien Gaborit, co-commissaire et responsable des collections Afrique au Musée du Quai Branly, explique que les questions des artistes contemporains sur l’eau comme ressource rare n’est pas nouvelle. « C’est une préoccupation ancienne que marquent bien les divinités de l’eau : c’est un bien précieux, nécessaire à la vie ». La beauté des objets, des récipients, exprime également cette préciosité de l’eau.

Tous ont mis en avant la force de l’exposition : dépasser le sens littéral de l’eau pour interpréter ce qu’elle représente pour des artistes et artisans venus de très diverses civilisations. Même si parfois, dans le plus symbolique, le littéral peut revenir, notamment avec les fameux « Tyi wara kun » ou masque-cimiers rituels Bambara en forme d’antilope-cheval qui à la fois renvoient aux cosmogonies à travers la danse de la pluie, mais se terminent en fibres végétales recouvertes d’eau pour signifier la pluie fécondante.

François Schneider a créé sa Fondation il y a 20 ans, avec l’envie de redistribuer les richesses. Depuis, l’organisme a distribué 2 000 bourses pour permettre à des jeunes de milieux modestes de suivre des études supérieures. Le deuxième champ d’action de la Fondation est le soutien à la création contemporaine autour du thème de l’eau. Depuis 10 ans, le concours Talents contemporains s’adresse aux plasticiens du monde entier pour proposer une œuvre en lien avec l’eau. Avec quatre à six lauréats multimédias par an, la collection regroupe 70 œuvres et la Fondation a ouvert un Centre d’art en 2013 à Wattwiller, dans un ancien centre d’embouteillage qui expose une fois par an les œuvres des lauréats.

Visuels : 

Wiktoria Wojciechowska, Short Flashes (détail), 2013 Photographie © Fondation François Schneider

Masque cimier, Ciwara, Mali Population Bamana, avant 1931 Bois et fibres végétales teintes à la boue © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Bruno Descoings

Cape de pluie, Philippines, Fin du 19e siècle, Tissu infrapétiolaire de palmier-aréquier surpiqué © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Claude Germain

 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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