
Hans Hartung, portrait-fleuve d’un grand de l’Abstraction au Musée d’Art Moderne de Paris
Pour sa réouverture et jusqu’au 1ier mars, le Musée d’Art Moderne de Paris (MaM) dédie la première grade rétrospective française au peintre abstrait Hand Hartung (1904-1989). Sous le titre “La fabrique du geste” l’exposition réunit environ trois cent œuvres, provenant de collections publiques et particulières françaises et internationales et également de la Fondation Hartung-Bergman. Incontournable.
Né à Leipzig, étudiant à Bâle -, Hans Hartung est un homme et un artiste du 20e siècle : engagé dans la légion étrangère française et blessé à la guerre, dans une relation tumultueuse et romantique à sa femme Anna-Eva Bergman qu’il quitte pour la fille de Julio Gonzales pendant la Guerre. Puis qu’il retrouve et ré-épouse en 1952. Résolument chronologique et émaillée de vidéos et photos où l’on voit l’artiste exécuter ses gestes et évoluer, l’exposition imaginée par la commissaire Odile Burluraux produit 300 oeuvres, en 4 sections chronologiques et souvent de très grand format et se “descend” comme un fleuve dans une belle et majestueuse scénographie dont le MAM a le secret. Après les essais des années 1920 (dont un bel autoportrait tout à fait figuratif) où l’on voit les influences du Blaue Reiter et de l’expressionnisme allemand, les années 1930 marquent un passage radical à l’abstraction avec des toiles qui jouent avec la couleur portent le geste du démiurge et des titres systématiques (T-1935-2).
Dans les grandes circonvolutions de l’espace, y a des ensembles de plus petits formats, du papier et même des essais d’œuvres en céramique. Mais ce sont surtout les grandes toiles qui hypnotisent, ainsi que leur recherche qui passe par un certain expressionnisme abstrait et variations-libérations de couleur (goût prononcé pour le jaune à partir des années 1950) et des matière (vinyle dans les années 1960 puis acrylique à partir des années 1970.
Un portrait riche et incontournable où l’on regrette peut-être que les éléments historiques et biographiques semblent parfois un peu “plaqués” sur un art qui , à l’exception de Guernica qui semble inspirer à Hartung une série de masques “sans titre” mais d’inspiration cubiste, semble être une force qui va dans l’abstrait. Une recherche propre, intérieure et indépendante du contexte au-delà des premières influences et des matières utilisées., dont on suit les méandres et les arcanes grâce aux photos et aux vidéos.
Visuel © Hans Hartung, T1966-K40, 1966, peinture vinylique sur toile, 38 x 61 cm, Fondation Hartung-Bergman, Antibes, © ADAGP, Paris 2019 Photo : Fondation Hartung-Bergman