Expos
Bernard  Rancillac exposé à L’Espace Niemeyer

Bernard Rancillac exposé à L’Espace Niemeyer

26 February 2017 | PAR La Rédaction

Par Diane Royer.

L’Espace Niemeyer au Siège du Parti communiste français, à Paris, accueille jusqu’au 7 juin  l’exposition rétrospective « Rancillac » organisée par le Musée de la Poste, actuellement fermé pour rénovation. Cette exposition propose une mise en perspective de la carrière du peintre Bernard Rancillac à travers une centaine d’œuvres réunie, des peintures de jeunesse depuis 1961, à des créations datant de 2015.

Impression

Une production éclectique, un artiste emblématique

Dense et hétéroclite, la production artistique de Bernard Rancillac n’a cessé de se renouveler, pour explorer de nouvelles techniques, de nouveaux médiums. Jeune artiste de la scène artistique parisienne, il se fait connaître alors qu’il expose la série Fantomas, des toiles abstraites et empâtées, à dominante blanche. Rapidement, il délaisse le style qui lui valut ses premiers succès pour la figuration. Associé à la Figuration narrative, il se tourne alors vers des voies innovantes (l’acrylique, l’épiscope, la sérigraphie). Il prend pour modèles des images trouvées dans des revues, des journaux ou encore ses propres photographies.

Plus tard, Bernard Rancillac réalise des œuvres sur Plexiglas. Le visiteur pourra, entre autres, découvrir le portrait d’un artiste de la Beat Generation, Allen Ginsberg, (1968, sérigraphie sur deux plaques d’altuglas). Les États-Unis sont d’ailleurs une importante source d’inspiration, la bande dessinée et la série des portraits de musiciens de jazz par exemple, tant sur le plan plastique que thématique.

Quand Zura Uzuyeva faisait la vaisselle (2005, acrylique sur toile et néon), l’une des dernières œuvres présentées, prouve la capacité de l’artiste, dont la renommée n’est plus à faire, à se remettre en question, se réinventer pour intégrer des pratiques nouvelles de l’art contemporain tout en restant un fidèle représentant de la traditionnelle peinture figurative.

Un artiste engagé, un provocateur

Actif dans des débats artistiques et esthétiques, l’artiste est également un militant de première ligne ; l’œuvre Nous sommes tous des juifs et des allemands (1968, affiche sérigraphique) l’atteste. Il s’agit de l’une des affiches réalisée à l’Atelier Populaire, installé à l’École des beaux-arts lors des événements de mai 1968. Geste de protestation anonyme et collectif, l’affiche est néanmoins signée, sans doute ultérieurement. D’autres œuvres présentées témoignent de l’engagement politique de Bernard Rancillac. En poursuivant l’exposition, le visiteur pourra découvrir un ensemble monumental de toiles marquées d’idéogrammes chinois jaune, peints sur fond rouge : Vive la révolution populaire de Chine (1966, acrylique sur toile). Cette œuvre est, en effet, conçue alors que l’artiste est très proche du mouvement maoïste français. Il se rendra d’ailleurs en Chine en 1988.

Provocations. Les œuvres de Bernard Rancillac toujours interpellent, souvent font scandale. Ce fut le cas à la Galerie Templon, en 1970, pour Le trio à la lampe de chevet (1969, photo sur papier marouflé sur toile), mais aussi avec des toiles comme Bloody Comics (1977, acrylique sur toile) ou encore Muezzin (2013, acrylique sur toile).

Ainsi, cette exposition rend-elle un bel hommage à un artiste contemporain majeur. Elle manquerait cependant d’éléments contextuels et explicatifs, des textes de salle et des cartels allongés, par exemple. Seule une biographie succincte, accompagnée de quelques affiches d’expositions antérieures, a été prévue. Cette absence se ressent d’autant plus avec le choix muséographique d’un parcours relativement libre (et quelques fois déstabilisant).

Cette exposition est l’occasion de (re)découvrir le travail d’un artiste français de la seconde moitié du XXe siècle, sans doute trop rarement mis à l’honneur.

C’est également une opportunité pour se rendre au Siège du Parti communiste français, bâtiment signé par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, remarquable notamment pour son dôme blanc et la salle de conférence, accessible depuis l’espace d’exposition.

Visuel : affiche

Au Ballhaus Ost de Berlin, Institutet explore l’altérité
[Critique] du film « Si j’étais un homme » Audrey Dana bordélise joyeusement le genre
La Rédaction

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration