
Django Reinhardt: La cité de la musique rend hommage à la culture Tzigane
La cité de la musique présente en ce moment une exposition réjouissante et monographique sur le célèbre guitariste Django Reinhardt. Dans une monographie signée Patrick Bouchain, on circule en liberté entre les échoppes. Une vie nomade qui permet d’appréhender l’histoire tzigane en France en plus d’une plongée dans le swing des guitares Selmer-Maccaferri.
Le parcours se fait en trois temps. D’abord, libre de tout mur il n’en est pas mois vide de direction. Des dates sont accrochées au ciel : “1910-1924, l’enfance tzigane, de la route à la zone”, où, “1951-1953, Nuits de Saint Germain des Prés”… La musique est partout ici, dans des casques attachés aux grandes tables de bois comme des valises où se nichent des merveilles, ou dans des caissons confortables où il fait bon s’asseoir. Ensuite, il faut refaire le parcours, à l’envers, provoquer des détours pour essayer de comprendre les tiraillements identitaires qui balaient la vie de Django. Le troisième temps nous transporte, après un mur de 78 tours à l’impact fort dans une salle de projections où sur le côté sourd l’évocation des ateliers de lutherie Selmer-Maccaferri.
La vie de Django Reinhardt est faite de paradoxes. Lui, enfant né dans une roulotte devenu star américaine aux côtés de Duke Elligton pour à la fin de sa courte vie, revenir à ses origines. Lui, manouche qui au moment du Régime de Vichy (nommé dans un esprit passéiste “Occupation” dans cette exposition) reste en France, joue alors que le jazz, s’il est considéré dégénéré par les nazis n’est pas interdit pour autant. Il résiste dans un sens, conscient du sort réservé aux Tsiganes en composant une messe pour eux et surtout en refusant de jouer pour la SS.
C’est le paradoxe d”un enfant blessé lors d’un grave incendie qui gardera de son handicap la force de le transformer. De ses doigts meurtris il sortira du génie. Une façon de jouer swing reconnaissable entre mille.
C’est le paradoxe du dépassement de la loi quand sa veuve, « Naguine », décide de rompre la tradition funéraire. Elle ne brûle pas les instruments de son homme, elle en fait don à ce qui deviendra la Cité de la Musique.
C’est une exposition en apparence récréative qui ouvre en réalité des pans d’histoires entiers dépassant largement le cadre de l’empreinte de Django Reinhardt sur les clubs de jazz de Saint Germain des Prés. L’histoire des Tsiganes, de la Guerre et de la Cité de la Musique même se croisent au détour du son de la célèbre guitare à petite bouche. De quoi ouvrir grand ses oreilles.
Emile Savitry Portrait de Django Reinhardt, 1933 © Photo
Émile Savitry courtesy Sophie Malexis
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