
La maison d’Eileen Gray : un bijou d’architecture
L’oeuvre de l’architecte irlandaise Eileen Gray est nichée dans un écrin de verdure, au bord de l’eau claire. A Roquebrune-Cap-Martin, (Alpes-Maritimes), la villa E-1027 a ouvert ses portes dimanche, après des années de rénovation. Témoignage marquant de l’architecture des années 30, elle a été classée et rachetée par le Conservatoire du littoral. Accessible seulement par le sentier de bord de mer, dit des douaniers, la villa est aujourd’hui ouverte au public.
Eileen Gray, femme libre au talent d’architecte avant-gardiste, a conçu cette maison en 1929, avec l’aide de l’architecte et critique d’art français Jean Badovici. Elle a consacré trois ans de sa vie pour la bâtir. La modernité de l’ensemble réside dans les matériaux utilisés, essentiellement du béton armé et des structures métalliques, l’importance donnée à la lumière et la sobriété des volumes. En 1938, Le Corbusier, devenu un habitué de Roquebrune-Cap-Martin, a contribué à la réalisation de la villa en peignant sept fresques murales.
Le talent de la créatrice d’origine irlandaise aura mis une vie à s’imposer. Victimes d’un point de vue quelque peu ethocentriste, les historiens de l’art ont longtemps sous-estimé le talent d’Eileen Gray, la jugeant à l’aune du faible volume de ses ventes après la fermeture de sa boutique Jean Désert en 1930. Pourtant, dès sa participation au 14e Salon de la Société des artistes décorateurs en 1923, avec la Chambre à coucher boudoir pour Monte-Carlo, elle est acclamée par les critiques néerlandais, qui reconnaissent sa filiation avec le mouvement De Stijl. En se penchant avec un regard neuf sur la biographie et la formation de la créatrice, la commissaire Cloé Pitiot a pu mettre en évidence l’origine profondément anglo-saxonne des influences d’Eileen Gray.
Son exploration de l’architecture se poursuit, notamment à travers les plans qu’elle dessine de sa propre demeure, Tempe a pailla, en 1931. Née dans l’univers corseté d’une famille aristocrate irlandaise à l’époque victorienne, Eileen Gray n’aura eu de cesse de conquérir son indépendance et sa liberté d’expression. Si le laque est son premier matériau d’élection, satisfaisant son amour perfectionniste du travail bien fait, elle se lassera finalement du caractère répétitif de cette technique pour étudier le geste. Par l’intermédiaire de la clientèle mondaine de sa boutique de laques et de tapis, la décoratrice eut la chance de fréquenter Loïe Füller et Isadora Duncan, dont la recherche de liberté du corps à travers la danse l’intéressait au plus haut point. Rationaliser l’emploi du corps dans ses gestes quotidiens, c’est aller à l’essentiel.
Visuels : Fickr
Articles liés
One thought on “La maison d’Eileen Gray : un bijou d’architecture”
Commentaire(s)
Publier un commentaire
Votre adresse email ne sera pas publiée.
Publier un commentaire
Votre adresse email ne sera pas publiée.
Jean
Une très belle villa. Belle initiative que de l’ouvrir au public.