
Japon : fini les sciences humaines dans les universités
Le ministère de l’Enseignement supérieur japonais a décrété que les universités japonaises devraient fermer leur département de sciences humaines et sociales, dans un souci d’efficacité économique. Toute La Culture vous explique les faits.
La nouvelle est tombée comme un couperet. Vingt-six universités vont bientôt fermer leur département de sciences humaines et sociales et dix-sept d’entre elles n’accepteront plus d’étudiants dès la rentrée 2016. Ces mesures drastiques font suite à une lettre rédigée par le ministre de l’Education nationale, Hakubun Shimomura, dans laquelle il expliquait le besoin de supprimer ces départements pour les transformer en enseignements plus utiles aux besoins de la société et de l’économie. La nouvelle a été loin de laisser la population indifférente et c’est d’ailleurs outré que le conseil scientifique japonais a exprimé « sa profonde préoccupation concernant l’impact potentiellement grave qu’une telle directive administrative implique pour le futur des sciences humaines et sociales au Japon. »
Une démarche anti-intellectuelle
Cette réforme a bien entendu fait s’insurger plus d’un universitaire. C’est donc ensemble que les élèves ont décidé de se battre pour faire valoir leur droit à l’enseignement de leur choix. Ainsi, les Universités de Tokyo et de Kyoto (les plus prestigieuses du pays) ont déclaré ne pas vouloir céder à la pression. Les deux FACS n’appliqueront donc pas ces nouvelles mesures. Mais combien de temps tiendra l’opposition? Le premier ministre Shinzo Abe a insisté à de nombreuses reprises sur la “réelle importance de ces suppressions” et a déclaré dans un discours à l’OCDE «plutôt que d’approfondir les recherches universitaires hautement théoriques, nous encouragerons une éducation plus technique et professionnelle qui anticipe mieux les besoins de la société.» Une démarche on ne peut plus anti-intellectuelle qui fait froid dans le dos.