L’ancienne gare de déportation de Bobigny ouvre ses portes aujourd’hui

Ce 18 Janvier 2023, l’ancienne gare de déportation de Bobigny ouvre ses portes au public. Après 2 ans de travaux de réaménagement financés par la ville, ainsi que d’autres acteurs, cet endroit historique est enfin révélé. Le but du projet est de transmettre l’histoire de la Shoah, mais également de pouvoir se recueillir pour tous les disparus. 

Dans l’Avenue Henri Barbusse se trouve désormais un bâtiment qu’on ne peut pas louper. Entouré d’une clôture en lames de bois, cette esthétique questionne, mais est pourtant lourde de sens : les pics symbolisent les 21 convois partis de cette gare durant la Shoah. Inscrit en 2005 à l’inventaire des Monuments historiques, c’est un des bâtiments public les plus anciens de la ville. Le projet d’aménagement permettra de le remettre en avant, et d’honorer la mémoire de ceux qui y sont partis pour ne plus jamais revenir.

Des aménagements construits sur les traces de l’Histoire

Le public est accueilli, à l’entrée avec le “pavillon d’accueil”, où il peut participer à des visites guidées. Des bornes interactives sont mises à disposition, afin de découvrir les témoignages des rescapés. “L’espace de la mémoire”, accueillant entre autres le bâtiment des voyageurs et les voies ferrées, est le cœur historique et sanctuarisé du site. Ces aménagements révèlent les traces laissées par l’histoire. Se recueillir est également important dans ce contexte, c’est pourquoi deux endroits sont prévus pour : le mur des 22453 empreintes des déportés partis de Bobigny, l’esplanade de la mémoire pour rendre hommage aux 74 convois partis de France.

Ce projet permet désormais d’inscrire le site dans l’environnement urbain de Bobigny, le rendant visible et perceptible aux yeux des habitants, mettant ainsi en valeur cette partie de l’Histoire qu’il ne faut jamais oublier. La mise en place de pratiques de la nature en ville est prévue pour les groupes scolaires par exemple, dans le respect évident des traces du passé. Entre histoire et échange, le projet a été porté par de nombreux acteurs : les financements de la ville de Bobigny, le ministère de la défense, la région ile de France et la fondation pour la mémoire de la Shoah ont permis de réaliser les travaux, soutenus par la SNCF. Un engagement du côté de la population est aussi notable, puisque la structure a reçu de nombreux dons.

Un lieu clé dans la Solution Finale

Dès le début de la guerre, les voyages sont arrêtés dans la gare de Bobigny, la transformant en endroit abandonné. Mais en Juillet 1943, le commando dirigé par Aloïs Brunner arrive en France et la choisit comme futur lieu de déportation des Juifs de France pour l’Allemagne Nazie. La gare, fonctionnelle et proche de l’Est, est vue comme l’endroit idéal par le commandant pour former les convois vers la Solution Finale. De l’été 1943 à l’été 1944, 22 500 hommes, femmes et enfants juifs sont déportés. Tous les convois prennent la direction d’Auschwitz-Birkenau, hormis le numéro 73, qui prendra la direction des pays Baltes. Le dernier départ, avant la libération par les alliés, a lieu le 31 juillet 1944. Près de 1300 personnes, dont 330 enfants qui sont déportés ce jour-là. Aujourd’hui la Gare de Bobigny est le seul exemple de ce type d’endroit étant presque à l’identique de sa configuration d’origine, témoignant de sa sinistre fonction pendant ces années.

Visuel : Créative commons