
Jacques Le Goff s’en est allé au Paradis
L’historien Jacques Le Goff a eu l’humour de choisir la date de sa mort. Mardi 1er avril 2014, on n’a pas idée. Pourtant l’historien l’a toujours affirmé : au Moyen-âge on riait beaucoup.
Le grand médiéviste s’est éteint à 90 ans, laissant pour mémoire une manne inouïe. Il a révolutionné l’image que l’on a du Moyen Age en affirmant que le capitalisme n’y existait pas et que ses cadres chronologiques étaient erronés. Pour Jacques LeGoff, la modernité est médiévale et il l’aura fait courir, à raison jusqu’au XVIIIe siècle, à la naissance des premières industrialisations.
Dans le bestiaire de Jacques Le Goff on trouvait un purgatoire séduisant, loin du manichéisme dont l’homme médiéval souffre. Jacques Le Goff a su lire entre les lignes, entrer dans une très moderne vision d’une histoire qui s’attache à l’individu et nous apprendre qu’il y avait, et qu’il fallait être Pour un autre Moyen Age (1977).
Dans Une vie pour histoire, en 2010 il raconte qu’il fut très tôt résistant, haïssant Pétain dès la première heure, lui qui était né en 1924 dans une famille mixte, d’un père laïque et d’une mère pieuse. Agrégé d’histoire en 1950, il est devenu en 1972 directeur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales (EHESS). Il publie en 1957 Les Intellectuels au Moyen Âge, son premier ouvrage et en 2014 Faut-il vraiment découper l’histoire en tranches?. Entre il n’aura eu de cesse de questionner le rapport que la société entretient avec le capitalisme dans un nombre de publications qui dépasse tout entendement. On cite Une histoire du corps au Moyen Âge en 2003, La Naissance du purgatoire, Gallimard, 1981 ; La Nouvelle Histoire (en collaboration avec Jacques Revel), Éditions Retz, 1978 ; Pour un autre Moyen Âge, Gallimard, 1977 ;Faire de l’histoire (dir., avec Pierre Nora), 3 volumes, Gallimard, 1974.
Marchands et banquiers au Moyen Âge, Le Seuil, 1957. Il faut, cela coule de source, le codirecteur de la prestigieuse revue Annales, Histoire, Sciences Sociales.
Il s’est éteint à 90 ans, à Paris, le 1er avril 2014.
photo : couverture du livre Une vie pour l’Histoire © La Découverte