
Angot décrit l’enfer du couple
Alors que Christine Angot n’avait rien publié depuis “Rendez-vous”, prix de Flore 2006, le dix-neuvième roman de la sulfureuse auteure, “Les petits” (JC Lattès) s’éloigne bien loin de l’auteure quasiment jusqu’à la fin. Dans un style magistral, Angot ausculte l’effondrement d’un couple, et la manière qu’a la femme de faire payer chèrement à l’homme ses faux pas. Violent et peut-être plus choquant que les précédents.
Billy, un musicien né en Martinique et venu à Paris pour réaliser sa passion, rencontre Hélène à l’hôtel. Elle a une petite fille de quatre ans et vient de quitter son mari. L’histoire commence entre eux, douce, simple, rassurante. Parfois le dialogue fait défaut, et des incompréhensions persistent, mais le couple fait un premier enfant un an après la rencontre. Elle le voulait, lui aussi. Il ne dit pas qu’il est fou de joie mais juste “ok” et emmène Hélène, sa première fille et leur nourrisson vivre un an en Martinique. Ils sont forcés de rentrer pour le travail de Billy. Petit à petit le couple s’éloigne, même s’ils couchent ensemble quand il se retrouvent dans l’appartement familial. Plusieurs autres enfants naissent, Billy est de moins en moins présent car Hélène ne veut pas de lui et l’accuse d’être violent. Il vit chez une maîtresse cool et jeune et repasse de temps en temps. Mais dès qu’il met le pied à la maison, c’est comme si Hélène le poussait à la violence…
Autopsie d’un couple où l’auteure apparaît en discrète figure de compassion (et aussi un peu en Cassandre à plume) vers la fin du roman, “Les petits” est un excellent livre, porté par le style sec et infiniment précis de Christine Angot. Tout le monde s’accorde à acclamer une auteure brillante qui a arrêté de s’exhiber pour vraiment écrire, avec ce roman. Brillante pour sûr. Mais il n’est pas sur que le sujet du livre soit si pacifique: Prenant les femmes pour des Médées, Angot entend démontrer qu’elles peuvent pousser les hommes à les frapper et à crier au loup de la violence conjugale au moindre changement. Une perspective qui semble bien polémique à l’heure où, en France,156 femmes (contre 27 hommes) meurent encore chaque année sous les coups leur compagnon (chiffres de 2008).