
SKAM s’attaque au consentement (et pour nous, c’est un OUI)
Adaptée de la série norvégienne SKAM, « honte » en français, SKAM France a remporté un succès critique ces dernières années. Homosexualité, déni de grossesse, addictions ou encore dépression, la série aborde tous les sujets tabous de notre société. Pour leur dixième et dernière saison, sortie le 7 mai dernier, les réalisateurs ont décidé de s’attaquer au viol conjugal.
Par Anouk Labylle*
La saison dix de SKAM s’ouvre avec une scène très peu portée à l’écran et pourtant très (même trop) fréquente en France : un viol conjugal. Un sujet qui mérite, sans aucun doute, toute l’attention du public. Grâce à cette nouvelle saison, la série aborde donc la question du consentement au sein du couple et brise, comme très souvent, les tabous de notre société, avec justesse et sans faux-semblants.
Le parcours d’une combattante
Dans cette saison, les téléspectateurs suivent le personnage d’Anaïs, incarné par Zoé Garcia. La scène d’ouverture montre notre personnage principal et son petit ami, rentrant d’une soirée un peu trop arrosée. Les deux amoureux peinent à monter les escaliers avant d’arriver dans l’appartement d’Anaïs, qui ne se sent pas très bien. Le jeune homme l’aide à se mettre au lit, lui retire ses vêtements, l’embrasse et tente d’aller plus loin, malgré l’état de sa copine et ses différentes tentatives pour le repousser. Sans trop en montrer, sûrement pour ne pas choquer, ce passage permet au public de comprendre quel sera le thème de ce nouveau chapitre de la série. Mais au-delà de cette scène difficile à regarder, c’est le consentement et l’éveil d’une conscience féministe qui sont mis en avant dans cette nouvelle saison. Les dix épisodes montrent alors le cheminement d’Anaïs, du soir du viol jusqu’au moment où elle porte plainte, en passant par le déni, la honte et même la colère qu’elle a pu ressentir au fil des jours.
De vrais intervenants pour éviter les faux semblants
Pour s’assurer de la pertinence des scénarios, Shirley Monsarrat et Debborah Hassoun ont collaboré avec des professionnelles chevronnées, dont une psychiatre spécialisée sur les questions des violences sexuelles sur les mineures, une policière bénévole à la Maison des Femmes de Saint-Denis et même Elvire Duvelle-Charles, journaliste, réalisatrice et militante féministe. Cette ultime saison évoque avec justesse les doutes, les peurs et le sentiment de culpabilité qui peut habiter les victimes de viol conjugal, ainsi que la difficulté du dépôt de plainte et du parcours judiciaire. Pari réussi donc pour la réalisatrice de la série, qui clôture ce dixième et dernier chapitre de SKAM en beauté, avec toujours autant de délicatesse et de bienveillance.
Tous les épisodes de la saison 10 sont disponibles en intégralité sur france.tv jusqu’en janvier 2025.
*Cet article est le fruit d’un Atelier de Journalisme culturel enseigné par Yaël Hirsch et Melissa Chemam à l’EFJ en septembre 2022. Pour en savoir plus sur Anouk Labylle, c’est ici.
visuels : Frae TV pro/ Photo promotionnelle & Anouk Labylle au Festival Serie Mania