
Une playlist jouée à l’envers
Cette semaine : Sabrina Bellaouel, Sango, Common Saints, Tentative et Dry cleaning.
Scratchcard Lanyard— Dry cleaning
Il faut s’y habituer. Avec le confinement, on voit de plus en plus les corps de près en vidéo. L’idée sans doute est de pouvoir littéralement toucher des yeux la matière émotionnelle lorsque celle-ci surgit, s’incruste dans les regards comme ici, dans ce genre de performance britannique que l’on appelle dorénavant du « post-rock ». Pourquoi pas ?
Arab liquor— Sabrina Bellaouel
Exploration de l’intimité et des désirs, explique le dossier de presse. Décidément, on n’en sort pas de cette proximité transhumaniste dont l’humain pense pouvoir tirer partie sans rien payer en retour. On peut imaginer bien sûr que les objets ne sont pas vivants, sauf que l’interaction qui se met en place l’est de plus en plus, vivante. Rira bien qui rira le dernier.
Pile pâle- Tentative
Restons objectif : ce méli-mélo dark et joyeux à la manière d’une Mylène Farmer transformée en princesse punk-rock tient essentiellement dans la façon de prononcer le mot : « dégueulasse ». Jean-Luc Godard est bien loin, suffisamment pour avoir oublié Jean Seberg et le noir et blanc qui va avec. Mais qu’importe le flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse.
Idol eyes— Common Saints
Là voici la belle chanson de la semaine, perdue quelque part dans le graphisme ténébreux des années 70, des BD de sciences-fictions et de chairs irradiées. Dans cette guitare, furtivement funky, rapatriée là où elle est née, sur une scène rock et planante des la fin des années 1960, lorsque le Pink Floyd rencontrait Jimi Hendrix.
Kalimba funk— Sango
La blague ultime pour finir : cette façon de congédier le titre le plus branché en fin de playlist, sans doute pour donner envie de continuer, de rester avec nous, avec ce Kalimba bon marché assurant l’évidence de structure et du groove. On ne touche plus, on est touché, emporté par le vent sec et brûlant des pays rêvés.
Visuel :
Scratchcard Lanyard— Dry cleaning