
« L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent », une exposition splendide au Musée Yves Saint Laurent
Au Musée Yves Saint Laurent Paris,L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent rassemble une cinquantaine de modèles haute couture inspirés de trois pays : l’Inde, la Chine et le Japon. Ces pièces issues de la collection du musée sont pour la première fois présentées en dialogue avec des objets d’arts asiatiques prêtés par le musée national des arts asiatiques – Guimet et par des collectionneurs privés. Cette mise en regard inédite offre une nouvelle approche du travail du couturier.
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« J’ai abordé tous les pays par le rêve. » Yves Saint Laurent
L’Asie a depuis longtemps exercé une fascination sur les artistes européens. Yves Saint Laurent ne fait pas exception à la règle et propose une vision à la fois littérale et imaginaire de l’Asie que l’on peut ici découvrir. Tel un voyageur immobile, Yves Saint Laurent donne une vision reconstituée et syncrétique d’une Asie qu’il ne visita que rarement et où il espérait secrètement qu’il deviendrait lui-même une source d’inspiration.
L’exposition, qui s’ouvre sur une série de clichés photographiques, montre tout d’abord les créations liées à la Chine impériale, présentées lors de la collection automne-hiver 1977. Les « chinoises » d’Yves Saint Laurent ne visent pas à restituer un vêtement authentique et historique, mais plutôt à produire un effet esthétique. Dans ses créations d’inspiration chinoise, Yves Saint Laurent emploie de façon récurrente des motifs floraux qui renvoient explicitement à l’Extrême-Orient. La rencontre des tenues haute couture avec des robes et vestes à motifs de dragons empruntés à des collectionneurs privés permet de comprendre comment Yves Saint Laurent a évoqué la Chine en la réinterprétant sans cesse, comme en témoignent des imprimés ou motifs de ses créations qui reprennent ceux de la Chine antique visible sur certains vases archaïques.
« Il me suffit de regarder un très beau livre sur l’Inde pour dessiner comme si j’y avais été. C’est le rôle de l’imaginaire. » Yves Saint Laurent
L’exposition met un point d’honneur à mettre en regard les dessins du créateur avec les silhouettes achevées, valorisant ainsi le processus d’Yves Saint Laurent, mêlant dans l’ensemble des collections présentées ici des influences asiatiques et occidentales. L’Inde est l’une des sources majeures dans l’œuvre d’Yves Saint Laurent. La connaissance qu’il a de ce pays s’appuie essentiellement sur les livres qu’il possède, parmi lesquels quelques ouvrages de référence. Yves Saint Laurent revisite le costume princier de façon somptueuse : tissus luxueux, bijoux, broderies, que la scénographie de l’exposition place en pleine lumière, au plus grand plaisir des yeux. Le couturier réinterprète également le sari traditionnel, sublimant véritablement le corps de la femme qu’il suggère, avec un important travail sur la transparence, sans le montrer.
Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, un couple épris de culture japonaise
Pour Yves Saint Laurent, le Japon est plus qu’une inspiration, c’est un modèle. Au sein de l’exposition, le dialogue entre les créations d’Yves Saint Laurent et les tenues traditionnelles japonaises témoigne de cette passion, liée au quartier réservé de Kyoto qu’Yves Saint Laurent et Pierre Bergé ont arpenté.
Afin d’approfondir le contenu de l’exposition, le Musée Yves Saint Laurent Paris organise autour de cette exposition des rencontres ouvertes à tous qui permettent d’enrichir le regard porté sur les sujets abordés par l’exposition, notamment une conférences « Yves et Opium » le 16 janvier 2019 à 19h30 afin de revenir sur l’histoire de cette fragrance qui fit scandale à la fin des années 1970.
Texte et visuels : Cloé ASSIRE
visuel de couverture : affiche de l’exposition (c) Musée Yves Saint Laurent