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1915-1919 Un camp canadien au musée des Avelines de Saint-Cloud

1915-1919 Un camp canadien au musée des Avelines de Saint-Cloud

29 April 2015 | PAR Christophe Dard

Jusqu’au 12 juillet 2015, le musée des Avelines de Saint-Cloud propose une excellente exposition sur l’hôpital militaire canadien francophone installé durant la Première Guerre mondiale sur le champ de courses de Saint-Cloud à travers une riche collection de documents inédits et précieux.

 

Les tribunes du champ de courses de Saint-Cloud,  Carte postale, début XXème siècle,  Coll. Musée des Avelines, Saint-Cloud inv CP988.9.17 ©DR
Les tribunes du champ de courses de Saint-Cloud,
Carte postale, début XXème siècle,
Coll. Musée des Avelines, Saint-Cloud
inv CP988.9.17 ©DR

 

Je me souviens… Telle est la devise du Québec et telle est la phrase la plus appropriée pour se souvenir de la Première Guerre mondiale et de toutes ces pages inscrites dans l’Histoire, des pages dont certaines ont été arrachées et égarées malgré elles par le temps. C’est une de ces pages, méconnue, que le musée des Avelines de Saint-Cloud a retrouvé, celle de l’Hôpital stationnaire n°4. Il compte parmi les nombreux hôpitaux installés pendant le conflit à Saint-Cloud, ville située à l’arrière du front mais ce n’est pas un établissement comme les autres.
En effet, l’Hôpital stationnaire n°4 rebaptisé l’Hôpital général n°8 est canadien-français. Avec celui de Laval, ces deux unités non-combattantes francophones sont venues de Montréal et ont servi en France au cours du premier conflit mondial du XXè siècle alors que le Canada, dominion autonome de l’Empire britannique, était engagé dans la guerre contre l’Allemagne.

 

Blessés français, infirmières et médecins canadiens, Anonyme, carte postale, 1916-1919 Coll. Musée des Avelines, Saint-Cloud, inv. CP 988.10.3 © DR
Blessés français, infirmières et médecins canadiens,
Anonyme, Carte postale, 1916-1919
Coll. Musée des Avelines, Saint-Cloud, inv. CP 988.10.3 © DR

 

L’Hôpital général n°8 est établi à Saint-Cloud fin 1915, à l’emplacement de l’hippodrome, inauguré l’année suivante par le président de la République de l’époque, Raymond Poincaré, et reste jusqu’en mars 1919. Les blessés de Verdun, les gazés et les malades de la grippe espagnole en 1918 comptent parmi les nombreuses personnes acheminées. Si aujourd’hui cette présence est soulignée depuis 1917 par la Rue du Camp Canadien qui longe l’hippodrome, un devoir de mémoire s’imposait pour rendre hommage à ces Canadiens venus en France non pas seulement pour combattre aux côtés des Français mais également pour soigner, accompagner et apaiser les douleurs physiques et morales des soldats dans une ville réputée pour ses vertus de bien-être.


L’hôpital canadien-français de Saint-Cloud, 2 pays soudés pour réduire la guerre en pointillés

Comme de nombreuses expositions autour de la Grande Guerre, les cartes postales sont une source essentielle. Ces cartes-photos comportent en effet des images mais aussi des correspondances, témoignages clés pour connaître le quotidien des soldats comme ceux du camp franco-canadien de Saint-Cloud. Les objets, les films d’époque apportent également de précieuses informations de même que le War Diary or Intelligence Summary, un journal de guerre tenu par les commandants successifs de l’hôpital où tout ce qui se passe dans le camp est relevé et noté.

 

Blessés au repos dans les tribunes de l’hippodrome  Anonyme, Carte postale, 1916-1919 Collection APC © DR
Blessés au repos dans les tribunes de l’hippodrome
Anonyme, Carte postale, 1916-1919
Collection APC
© DR

 

Constitué d’une équipe médicale francophone, à l’origine québécoise, cet hôpital militaire semble être une parenthèse dans la nuit noire des combats et le symbole de l’amitié franco-canadienne. Les infirmières, les blessés esquissent des sourires sur les photographies alors qu’ils sont loin de leurs familles et que certains combattants seront amputés, blessés à vie ou des « gueules cassées » vouées à un odieux rejet social après la guerre.

 

Scène sous la neige Anonyme, Carte postale, 1916-1919 Coll. Michel Litalien  © DR
Scène sous la neige
Anonyme, Carte postale, 1916-1919
Coll. Michel Litalien
© DR

 

Les techniques médicales sont sophistiquées. Des salles de radiographie sont créées, un service de chirurgie voit le jour et un service de chirurgie maxillo-faciale est ouvert pour les « gueules cassées ». Des transfusions sanguines sont également réalisées. Le département dentaire est si efficace que de nombreux civils (il est à disposition des soldats et des clodoaldiens) choisissent de venir au camp canadien plutôt que d’aller chez leur dentiste. Dans l’exposition sont présentés les vestiges de ces avancées médicales, une prothèse et des radiographies notamment.

 

Infirmières et médecins prenant le thé Carte postale, 1916-1919 Coll. M. Litalien ©DR
Infirmières et médecins prenant le thé
Carte postale, 1916-1919
Coll. M. Litalien ©DR

 

Enfin, les activités et les distractions sont multiples. Autour ou dans les baraquements et autres tentes aménagées avec un certain confort, on fête Noël et la tradition des cultes catholiques et protestants est respectée. Au rayon des distractions, on joue aux cartes, on assiste à des concerts, des spectacles et on reçoit des visites. On peut même jouer au baseball ou boire du thé. Les remises de décorations donnent lieu à des cérémonies. Même le quotidien a la double nationalité franco-canadienne.

 

Blessés français et visiteurs dans les tribunes de l'hippodrome, en attendant une cérémonie Carte postale, 1916-1919 Coll. APC Saint-Cloud ©DR
Blessés français et visiteurs dans les tribunes de l’hippodrome, en attendant une cérémonie
Carte postale, 1916-1919
Coll. APC Saint-Cloud ©DR

 

L’exposition, brillamment illustrée de documents rares, émouvants et d’anecdotes, propose également au visiteur de choisir dans un album photographique numérique une carte postale ancienne, de l’accompagner du texte de son choix et de publier l’image sur un compte Twitter créé pour l’occasion. Cette excellente idée permet notamment aux plus jeunes de se réapproprier la mémoire du camp franco-canadien et de la Première Guerre mondiale avec les techniques d’aujourd’hui… Car qu’importent les outils pour revenir sur ce s’est passé il y a cent ans dés lors que l’on se souvient.

Christophe Dard

 

A VOS AGENDAS :
Nuit des Musées le samedi 16 mai de 19h à 23h : « Madeleine, l’amour secret d’Apollinaire » : visite guidée, atelier et lecture des « Lettres à Madeleine » de Guillaume Apollinaire. Entrée libre.
Concert le dimanche 31 mai à 16h30 : Suites pour violoncelle seul de Max Reger. Par Pierre Vieille-Cessay, violoncelliste. Entrée libre.
-Conférence le jeudi 4 juin à 15h30 : Le service de santé des armées dans la Grande Guerre. Par le capitaine Xavier Tabbagh, conservateur au musée du Service de santé des armées au Val-de-Grâce. Entrée libre.
Conférence le dimanche 14 juin à 16h30 : Tromper l’ennemi. L’invention du camouflage moderne en 1914-1918. Par Cécile Coutin, docteur en histoire de l’art. Entrée libre.
Concert le dimanche 28 juin à 16h30 : D’un océan à l’autre par le trio Les Notes Gourmandes (flûte, violon et guitare). Entrée libre.

 

INFORMATIONS PRATIQUES
1915-1919. Un camp canadien à Saint-Cloud.
Jusqu’au 12 juillet 2015
Musée des Avelines Musée d’art et d’histoire de Saint-Cloud
60, rue Gounod 92210 Saint-Cloud
01 46 02 67 18
[email protected]
www.musee-saintcloud.fr
Du mercredi au samedi de 12h à 18h. Dimanche de 14h à 18h
Fermé les jours fériés
Entrée libre
Visites guidées tous les samedis et dimanches à 15h. Gratuit. Sans réservation
Ateliers jeune public les mercredis, samedis et dimanches.

 

VISUEL EN UNE
Blessés français, infirmières et médecin canadiens, anonyme, Carte postale, 1916-1919, Coll. Musée des Avelines, Saint-Cloud, inv. CP 988.10.3, © DR

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Christophe Dard
Titulaire d’un Master 2 d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Christophe Dard présente les journaux, les flashs et la chronique "L'histoire des Juifs de France" dans la matinale (6h-9h) sur Radio J. Il est par ailleurs auteur pour l'émission de Franck Ferrand sur Radio Classique, auteur de podcasts pour Majelan et attaché de production à France Info. Christophe Dard collabore pour Toute la Culture depuis 2013.

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