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Emile Verhaeren au musée des Avelines à Saint-Cloud, veilleur d’avant-gardes en vers et contre tous

Emile Verhaeren au musée des Avelines à Saint-Cloud, veilleur d’avant-gardes en vers et contre tous

18 October 2015 | PAR Christophe Dard

Jusqu’au 6 mars 2016, le musée d’art et d’histoire de la ville de Saint-Cloud propose une exposition autour de l’un de ses plus illustres citoyens, Emile Verhaeren, poète, critique d’art et collectionneur belge.

Emile Verhaeren en redingote rouge Georges Tribout (1884-1962) Huile sur toile, 1907 Collection Musée Émile Verhaeren, Sint-Amands, Belgique © Musée Verhaeren, Sint-Amands
Emile Verhaeren en redingote rouge,  Georges Tribout (1884-1962) Huile sur toile, 1907 Collection Musée Émile Verhaeren, Sint-Amands, Belgique © Musée Verhaeren, Sint-Amands

Si Emile Verhaeren était un passager parmi ces milliards de comètes qui peuplent le monde actuel, il serait probablement présent dans les librairies, écrirait dans la presse et ne raterait pas un vernissage. En effet, Verhaeren, né en 1855 et mort en 1916, a été l’une des personnalités incontournables du monde littéraire et artistique de la fin du 19ème siècle.

Ecrivain influent, poète plaidant la cause du vers libre et critique d’art inspiré, ami de Gide, Mallarmé, Rilke, Verlaine et Zweig (quel carnet d’adresses !), Verhaeren n’a cessé de défendre les artistes les plus novateurs de son époque. Inséparable de sa fidèle curiosité, l’auteur des Villes tentaculaires, en avance sur son temps, a encensé les postimpressionnistes Georges Seurat, Paul Signac, Henri-Edmond Cross, Maximilien Luce et Théo van Rysselberghe qui ont fait du pointillisme un haut gradé de la peinture des années 1880-1900. Verhaeren a également applaudi le travail des symbolistes Odilon Redon et James Ensor mais aussi les sculpteurs Auguste Rodin et Antoine Bourdelle. Ces artistes soutenus par Verhaeren ont ensuite le privilège d’entrer dans son antre amicale. Le poète et critique mélange sans problème vie professionnelle et vie privée.

Terril de Charbonnage, Maximilien Luce (1858-1941) Huile sur toile, 1896 Collection Musée d’Ixelles, Belgique, inv : OM 127 © DR
Terril de Charbonnage, Maximilien Luce (1858-1941) Huile sur toile, 1896 Collection Musée d’Ixelles, Belgique, inv : OM 127 © DR

Par ses nombreuses amitiés et son insatiable intérêt pour les précurseurs de nouvelles techniques et de mouvements en rupture avec le passé, Verhaeren voit dans ces jeunes artistes le miroir de la modernité comme Baudelaire ou Zola quelques décennies plus tôt. Verhaeren est ainsi à contre-courant de l’arrogance des critiques enfermés dans leur labyrinthe de préjugés et du mépris de certains salons engourdis par un manque criant d’audace et recouverts de conformisme. En revanche, Verhaeren rate les nouveaux mouvements du début du XXè siècle, le fauvisme et le cubisme.

Le Four des Maures, Henri-Edmond Cross (1856-1910) Huile sur toile, 1906 Collection Musée de la Chartreuse, Douai, inv : 1985.5 © Musée de la Chartreuse, Douai - ph. Hugo Maertens
Le Four des Maures, Henri-Edmond Cross (1856-1910) Huile sur toile, 1906 Collection Musée de la Chartreuse, Douai, inv : 1985.5 © Musée de la Chartreuse, Douai – ph. Hugo Maertens

Dans les seize dernières années de son existence, Verhaeren vit avec sa compagne à Saint-Cloud, pour profiter de la tranquillité de la ville mais aussi de la proximité de Paris. C’est donc tout naturellement que le musée des Avelines, le musée d’art et d’histoire de Saint-Cloud, lui rend hommage jusqu’au 6 mars 2016, année du centenaire de sa mort.
Au cours de ces années clodoaldiennes, Verhaeren est reconnu (il est en lice en 1911 pour le Nobel de littérature, finalement décroché par Maurice Maeterlinck) et il reçoit ses amis, artistes et écrivains, dans son cabinet de travail.
C’est également à Saint-Cloud qu’à partir de 1914 Verhaeren emprunte un tournant personnel et idéologique. Il teinte sa belgitude de nationalisme après l’envahissement de son pays par l’Allemagne et tourne le dos à son rêve d’une Europe unie et pacifique. Ce virage lui vaut alors de nombreuses inimitiés.

Buste d’un débardeur Constant Meunier (1931-1905) Bronze, 1896 Collection Caroline et Maurice Verbaet © c&mvC
Buste d’un débardeur, Constant Meunier (1931-1905) Bronze, 1896 Collection Caroline et Maurice Verbaet © c&mvC

Le musée des Avelines dévoile plus de 180 pièces, venues de France mais aussi de Belgique, des peintures, des sculptures, des œuvres graphiques et des dessins. Ces créations sont signées par des artistes français ou belges mais tous contemporains de Verhaeren. L’exposition présente également des recueils de poèmes, des manuscrits et des livres d’artistes.

Madame Théo van Rysselberghe Théo van Rysselberghe (1862-1926) Huile sur toile, 1907 Collection particulière, France © DR
Madame Théo van Rysselberghe, Théo van Rysselberghe (1862-1926) Huile sur toile, 1907 Collection particulière, France © DR

 

 

Injustement méconnu, Emile Verhaeren est un poète et un critique conscient des évolutions sociales et artistiques de son temps. Il a l’élégance de ceux qui considèrent l’art comme un flambeau à transmettre et autour duquel les amateurs et les spécialistes prient pour que sa flamme ne s’éteigne jamais.

Christophe Dard.

 

INFORMATIONS PRATIQUES :
Émile Verhaeren (1855-1916). Poète et Passeur d’Art
Jusqu’au 6 mars 2016
Musée des Avelines, musée d’art et d’histoire de Saint-Cloud.
60 rue Gounod 92210 Saint-Cloud
Entrée libre
Du mercredi au samedi de 12h à 18h et le dimanche de 14h à 18h
Fermé les lundis, mardis et jours fériés
Visites guidées gratuites le mercredi, le samedi et le dimanche à 14h30
01 46 02 67 18
[email protected]
www.musee-saintcloud.fr

Infos pratiques

Maison Victor Hugo
Galerie Lefebvre et Fils
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Christophe Dard
Titulaire d’un Master 2 d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Christophe Dard présente les journaux, les flashs et la chronique "L'histoire des Juifs de France" dans la matinale (6h-9h) sur Radio J. Il est par ailleurs auteur pour l'émission de Franck Ferrand sur Radio Classique, auteur de podcasts pour Majelan et attaché de production à France Info. Christophe Dard collabore pour Toute la Culture depuis 2013.

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