
“Le Voltigeur” de Marc Pondruel: Une boîte, évidemment
Une boite, évidement… C’est là que Witold a consigné quelques bricoles, vestiges d’une jeunesse qu’il croyait avoir dépassée. Cette boîte à cigare poussiéreuse c’est Merve, la femme de la stabilité retrouvée, qui la remonte des abysses avec un sourire malicieux. Evidemment, Witold, comme Pandore et Dominique Bredoteau avant lui, ne résiste pas longtemps et l’ouvre. Quelques larmes coulent, qui se transforment vite en torrents d’émotions nous entraînant dans une série de flashback.
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Le procédé narratif est connu mais reste efficace, d’autant qu’il est manié sans lourdeur.
On le suit alors, accrochés à son dos comme son cuir. Ses premiers pas loin de chez ses parents, à l’Institut, temple de l’excellence superficielle. La bande, les discussions enflammées dans un bar, où ce groupe de losers magnifiques se livre à des batailles de name-dropping culturels endiablées. Pas de concours d’étalage de culture-confiture dans ces joutes mais une rencontre de passions, où Napoléon ne s’étonne pas de converser avec Bukowski. Ce tourbillon fera naviguer le groupe entre adolescence et âge adulte, entre San Francisco et Moscou, entre dépression et éclat.
Sur un sujet aussi éculé que le passage à l’âge adulte, difficile d’écrire quoi que ce soit sans tirer des ficelles aussi grosses que des câbles haute-tension. Pour son premier roman, Marc Pondruel réussit cet exercice délicat en gardant un style virevoltant et un sens du rythme narratif certain. A l’arrivée, on aura passé un bon moment, on aura fait ce qu’il fallait d’introspection, et on aura envie (selon votre degré d’influençabilité) de se mettre un bon disque de Dylan ou d’aller refaire sa vie à Moscou. A lire sans hésiter.
Marc Pondruel, Le Voltigeur, Jean-Claude Lattès, Septembre 2014