
Thomas Porcheré éclaire le mirage du gaz de schiste
Docteur en économie, professeur en marché des matières premières à l’ESG-MS et chargé de cours en économie internationale à l’Université Paris-Descartes, Thomas Porcher publie une étude sur le gaz de schiste, récemment parue chez Max Milo, dont les analyses ont été reprises dans divers rapports parlementaires. Il est l’auteur de différents ouvrages comme Un baril de pétrole contre 100 mensonges, ou L’indécence précède l’essence. Il a aussi coordonné l’ouvrage collectif Regards sur un XXIe siècle en mouvement.
UNE ÉTUDE TRANSVERSALE
L’actualité de cet ouvrage est particulièrement évidente, puisque lors de la conférence environnementale le président François Hollande refusa clairement que le gaz de schiste soit exploité en France. Toutefois, dernièrement, Arnaud Montebourg en proposa quant à lui l’exploitation, avant d’être recadré par le premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Au fil des pages, Thomas Porcher passe en revue les différents arguments juridiques, économiques et énergétiques pour étudier le possible impact de l’exploitation du gaz de schiste.
LES ARGUMENTS JURIDIQUES
L’auteur craint l’édiction de règles du jeu fixées au détriment des populations ainsi que de l’environnement. Leur faiblesse serait d’autant plus grande qu’il existe peu de juristes spécialisés dans ce domaine. En effet, le code minier est aujourd’hui obsolète.
LES ARGUMENTS ÉCONOMIQUES
Il y a déjà un débat autour de la prochaine augmentation du prix du gaz. Selon Thomas Porcher, il est évident qu’une exploitation entrainerait une spéculation à la hausse du prix du gaz. L’auteur rappelle qu’il n’existe pas d’études concernant l’impact du recours au gaz de schiste sur la santé des populations.
LES ARGUMENTS ÉNERGÉTIQUES
Pour l’auteur, l’indépendance énergétique s’apparente ni plus ni moins à un mythe. Les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie sont sujets à caution, puisqu’ils partent du postulat qu’il n’y aura aucun bouleversement conventionnel.
Pourtant, cette Agence s’est déjà lourdement trompée sur le prix du pétrole. Elle fait aujourd’hui le pari d’un statu quo de la fracture énergétique. De plus, l’exploitation du gaz de schiste exige beaucoup d’eau et on craint pour les années à venir un déficit dans ce domaine. Il est souvent question d’une bataille à venir pour l’eau.
Le petit ouvrage de Thomas Porcher, qui se lit très facilement, a le mérite de lancer un débat avec des arguments transversaux. En effet, il étudie l’impact de l’exploitation du gaz de schiste à tous les niveaux. Cet ouvrage donne des clés, avec des chiffres pertinents. Le problème de l’eau et l’influence des lobbies sont explicités. Par ailleurs, il va de soi que les propriétaires des terrains subiront une moins-value.
De toute façon, si le gaz présente un intérêt, ne pas l’exploiter tout de suite revient à assurer une garantie aux générations futures. Un débat serein et loyal doit avoir lieu. Pour l’auteur, il n’est pas sûr qu’il y ait des créations d’emploi et que cela contribue à équilibrer la balance commerciale.
Le code minier reste par essence productiviste, c’est-à-dire éminemment favorable à la puissance publique. Une refonte du code doit avoir lieu pour tenir compte de l’environnement et notamment du principe de précaution, inséré il y a quelques années dans la Constitution du 4 octobre 1958.
Thomas Porcher, « Le mirage du gaz de schiste », Editions Max Milo, 2013, 63 p., 4,90 euros.