
Despair – un voyage dans la lumière (en salles le 28 mars)
Une version restaurée de Despair de Rainer Werner Fassbinder sort dans les salles le 28 mars. Tiré du roman homonyme de Vladimir Nabokov, ce film, intégralement tourné en anglais, était le fruit d’une collaboration internationale. Fait étonnant pour un réalisateur qui avait l’habitude de vivre et travailler au sein de son groupe d’amis intimes, souvent désigné de « clan » tant les liens humains et professionnels y étaient étroits.
Le réalisateur allemand collabore ici avec le scénariste anglais Tom Stoppard et accueille dans sa troupe deux grands acteurs étrangers : Dirk Bogarde et Andréa Ferréol. Le film est cependant profondément ancré dans la culture cinématographique allemande. D’une part le désir de s’écarter du cinéma de pur divertissement et le souci de dépeindre la dimension sociale et politique est typique du « nouveau cinéma allemand » des années ’60 et ’70, duquel Fassbinder a été un des représentants les plus remarquables.
D’autre part le thème du double ou du reflet s’inscrit dans la tradition expressionniste du cinéma allemand d’entre les deux guerres, il suffit de penser au film de Fritz Lang M le Maudit. Comme dans les films de cette époque, le protagoniste de Despair Hermann se trouve pris au piège d’un trouble d’identité. Il observe la montée du nazisme sans émotions et bien que capable d’interpréter le monde qui l’entoure, il juge plus sage pour un étranger tel que lui de ne pas participer et de ne pas se prononcer. L’uniforme, qu’un des employés de sa fabrique de chocolat décide de porter, est tout au plus de « la même couleur du chocolat ». Lors d’une visite dans une usine il plonge ses mains dans un tas de petites figures en chocolat ; pour le spectateur averti du drame qui va secouer l’Allemagne et l’Europe pendant la guerre cette image résulte troublante et l’horreur est avivée par le regard vide et détaché du protagoniste. Hermann ne s’intéresse pas à ceux qui l’entourent, tout au plus il peut se préoccuper de maintenir son autorité et son pouvoir à la maison avec sa femme et dans son entreprise, occupé comme il est à se fabriquer des identités différentes.
Dans la première partie du film il se livre à des récits de soi toujours changeants. Il avoue avoir fui son pays, la Russie, avec un faux passeport relatant de son engagement dans l’armée rouge, alors que ses également faux documents précédents affirmaient le contraire. Il se dédouble dans sa vie privé en croyant pouvoir s’observer en train de faire l’amour avec sa femme de la pièce d’à côté. Pourtant, le jour où il rencontre un homme qu’il croit lui être identique, Hermann se précipite dans la poursuite folle et forcenée d’une vie nouvelle. Les deux hommes se rencontrent dans un passage fait de verres qui reflètent leurs images. Hermman, frappé par ce qu’il croit être une ressemblance mutuelle, suit son double dans un lieu étrange avec une atmosphère de cirque, il le harcèle observant leurs visages dans les miroirs. À partir de ce moment, il ne peut plus rester assis dans la lueur sombre de la pièce d’à côté en se regardant vivre, il doit, au contraire, agir pour pouvoir commettre le meurtre parfait et s’offrir une renaissance. Rien ne doit le freiner dans sa quête, dans son voyage vers la lumière. Il instruit alors sa femme sur le comportement à tenir pour aider son plan, mais cela sans beaucoup de succès puisque le moment venu elle perdra tout son sang-froid. Andréa Ferréol s’’efforce de donner à cette femme la juste dose de frivolité requise par un personnage qui se demande si toute la rue s’est effondrée lorsque son mari lui raconte le Krach de Wall street. L’actrice raconte son attachement à ce personnage à tel point différent d’elle d’avoir représenté un véritable défi. Jusque dans la manière de rire, marcher et parler , elle a voulu donner à Lydia l’allure d’un petit oiseux perdu.
Les souvenirs de l’actrice nous donnent une image inédite et surprenante du réalisateur allemand. Fassbinder était très exigeant, il pouvait demander à ses acteurs toute une journée de patience à répéter toujours la même scène, à vérifier inlassablement les lumières et la position de la caméra, mais « il était gentil et timide, un enfant capable de rire de ce qu’arrivait de l’autre côté de la caméra ». Preuve de son infatigable attachement à son travail le nombre des films de Fassbinder est égal au nombre des années qu’il a vécues. C’est pendant le tournage de Despair, trente et unième long métrage du réalisateur, que « sur le plateau nous avons fêté son trente et unième anniversaire» se souvient Andréa Ferréol.
Giada Mangiameli
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7 thoughts on “Despair – un voyage dans la lumière (en salles le 28 mars)”
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vanmerris
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bisous
mounal
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bisous
STEPHANIE G.
Bonjour
Merci pour le concours
je participe
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1) oui
2) oui
Bonne chance à tous !
PHILIPPIN
Bonjour
voici mes réponses.
1) oui
2) oui
merci pour ce concours.
bouvet
Réponses :
1) oui
2) oui
merci pour ce concours
GAELLE
1 : oui
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