
Les Pâtissières au théâtre des Déchargeurs
Le théâtre des Déchargeurs propose une comédie fine et cocasse sur trois sœurs pâtissières contraintes de vendre leur commerce ancestral face à la concurrence des produits industriels.
Mina, Flo et Lili, trois sœurs au caractère bien différent, lunettes de soleil, perruquées, petites robes des années 50, rouge à lèvres et colliers de perles reviennent sur l’épisode le plus douloureux de leurs existences alors qu’elles font un point sur leurs vies depuis leur maison de retraite. Issues d’une grande lignée de pâtissières, elles ont été forcées de vendre la maison paternelle « Charlemagne », ne pouvant plus faire face à la concurrence des produits industriels et des pâtisseries orientales.
Mariées à la pâtisserie, elles ne cessent de revenir sur leur passé glorieux (elles sont capables de parler avec passion du gâteau Charlemagne, petit joyau de la boutique), cherchent à régler leurs comptes avec le promoteur immobilier qui a racheté leur commerce et regrettent tour à tour l’époque de la qualité “fait main”. S’entremêlent alors nostalgie, haine, véhémence, humour et tendresse.
Alors qu’elles se rebiffent, elles laissent percevoir peu à peu leurs traits de caractère bien trempé. Il faut dire qu’elles n’ont pas leur langue dans leur poche ! L’aînée, avoue son plus grand souhait d’être mère (il faut rappeler qu’elle a dépassé la soixantaine) tandis que sa petite sœur dévoile son rêve caché d’être cantatrice. Quant à la troisième, elle ne cesse de râler et méprise cordialement le « goût merdeux », qui est « au goût véritable ce qu’André Rieu est à la musique classique ».
L’auteur belge, Jean-Marie Piemme parle de disparition dans cette pièce. Mais il va au-delà de la simple disparition de l’activité commerçante des trois soeurs. Il dénonce également la disparition d’une culture, d’ « un monde à l’ancienne fait de liens et de traditions qu’on traîne derrière soi à la fois comme un poids et une raison de vivre » selon ses propres dires. Un véritable pamphlet sur le temps qui change.
Les trois comédiennes, Chantal Deruaz, Christine Guerdon et Christine Murillo, toutes issues du Conservatoire, jouent divinement bien. On ne peut résister aux folles histoires de ces trois femmes complices, débordantes d’humour, qui semblent croquer le présent avec une certaine gourmandise!
On regrette cependant les minutes un peu trop longues où l’une des sœurs incarne une cantatrice, un décor un peu sommaire (des boîtes pour un déménagement) et parfois un côté un peu trop « gentil » de la pièce.
Visuel : (c) iFou
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