
« Minuit à Atlanta » de Thomas Mullen : une mauvaise heure pour les Noirs
Dans les années cinquante, dans les États du Midwest et du Sud, on ne disait pas “les Noirs” et encore moins “les Afro-américains”. On disait “les Nègres”.
Dans Minuit à Atlanta, Tommy Smith est un ancien flic qui est devenu journaliste à Atlanta Daily Times. Une nuit, il est le témoin indirect du meurtre de Bishop, le riche patron, dans les locaux de son Journal. Aussi, une enquête est ouverte : elle est délicate parce que la victime est noire, et l’accusé aussi.
L’écriture du roman est solide, les investigations menées comme il se doit. Mais le plus intéressant est le tableau de la société de l’époque. Ainsi, les préjugés à l’égard de la communauté noire sont effarants. Tous les poncifs racistes y passent. “Le” Noir est considéré comme un sous-homme dont on doit toujours se méfier.
Les brigades de police ne sont pas mixtes, les Noirs travaillent sur des histoires de Noirs ou sur des affaires peu reluisantes.
La force de ce polar est de nous faire découvrir l’histoire d’un pays, d’une période sombre à travers des faits divers et la recherche d’un meurtrier.
Avec Minuit à Atlanta, nous prenons conscience de la réalité sociale des USA en 1956. Avec les romans policiers, les petites histoires font souvent aimer la grande. Les mots sont des nains et les exemples sont des géants.
Minuit à Atlanta de Thomas Mullen. Éditions Rivages/Noir. 2022, 573 pages, 10,50€