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“Vivre!” Les œuvres d’Agnès b. dialoguent intimement avec les collections du Musée de l’Histoire de l’immigration

“Vivre!” Les œuvres d’Agnès b. dialoguent intimement avec les collections du Musée de l’Histoire de l’immigration

17 October 2016 | PAR Yaël Hirsch

Agnès b., créatrice engagée est aussi une collectionneuse passionnée (près de 3000 pièces). Le directeur des Rencontres d’Arles, Sam Stourdzé, a choisi 70 de ses pièces pour les faire dialoguer avec des pièces maîtresses du Palais de la Porte Dorée. Une rencontre au sommet où l’on a l’impression d’entrer dans un jardin secret fait d’émotion, d’action et d’engagement. Précieux.

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C’est au deuxième étage du musée, dans une jolie scénographie blanche qui ouvre sur la ville par une baie vitrée que l’on découvre le tête à tête tendre, politique et aussi très vivant des collections privées d’Agnès b. et d’oeuvre du Musée de l’Histoire de l’immigration.

C’est de manière thématique que l’on entre dans ce rendez-vous de deux mondes qui se rencontrent. Toujours suave, discret  mais délicatement engagé (avec par exemple une lettre de l’abbé Pierre engageant à l’action exposée sur un mur), le message de “Vivre!” aurait pu accoler à son mot d’ordre : ensemble. On commence par une carte de Boetti, comme pour trouver son chemin sur terre par l’art et l’on oppose la jeunesse fringante et la mort, histoire d’en finir vite avec les deux bouts singuliers pour aller vers ce qui intéresse et Agnès b. et le musée : les cadres et les décadrages communs. Il y a l’amour, aux mille couleurs du monde (Cartier-Bresson au Mexique) la danse qui y mène : de Bamako (Malik Sidibé) au néon (Claude Lévêque). Il y a l’écriture, cruciale dans le design d’Agnès b. (Callwood, Filliou), il y a la guerre, colorée et éclatée dans une installation fleuve de Annette Messager (1998). Il y aussi la recherche de soi où un triptyque Djamal Tatah du musée entre en résonance avec Cindy Sherman. Et puis, en fin de parcours, au-dessus de la vue plongeante sur la ville, parce qu’il faut bien poser ses racines, il y a “habiter”.  Si la griffe de Sam Stourdzé fait la part belle aux photos (Wegee, Brassai, Man Ray, Rodenko Milak, Olivia Bee…), les installations (La machine à rêver de Kader Attia, si importante pour les collections du musée), les tableaux et même les vidéos (Regina Jose Galindo) ont leur place dans cette visite à la fois très intime et privée. mais aussi très politique, au vu de l’engagement de la créatrice et de l’ADN du musée. Deux trajectoires se rencontrent, à parts inégales (70 œuvres contre une dizaine du musée) et pourtant tout n’est que communion dans un art qui puise sa force dans l’ interrogation – certes âpre mais authentique- sur le fait d’être soi tout en vivant (ensemble). Un très beau parcours et une collection impressionnante à découvrir par une porte d’entrée pleine de sens.

visuels : YH et affiche

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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