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Ponte City : Splendeur et misères de la plus haute tour de Johannesburg au BAL

Ponte City : Splendeur et misères de la plus haute tour de Johannesburg au BAL

02 February 2014 | PAR Yaël Hirsch

Depuis le 23 janvier 2014, le photographe sud-africain Mikhael Subotzky et Patrick Waterhouse, le DA de Colors Magazine présentent en duo le beau projet d’archivage et de saisissement qu’ils ont réalisé à Ponte City, le plus haut immeuble de Johannesburg, devenu squat à partir de 2007. 5 ans de travail pour une exposition impressionnante et vibrante. Jusqu’au 20 avril.

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Construite au milieu des années 1975, juste après les émeutes de Soweto et surplombant Johannesburg depuis l’un de ses quartiers les plus blancs, la tour de 54 étages de Ponte City était le symbole vertical du régime d’Apartheid. Ironie de l’Histoire, en 1994, l’avènement de la démocratie pousse les anciennes castes dirigeantes à fuir le centre-ville. La tour devient alors un immense squat, qui attire les populations les plus pauvres. En 2007, un projet immobilier fou promettait de transformer le bâtiment en petit univers auto-suffisant, et de faire de ses appartements les objets du désir des nouvelles classes moyennes. Mais le projet pharaonique n’a pas abouti et quand Mikhael Subotzky et Patrick Waterhouse arrivent en 2008, dans la tour sinistrée, il ne reste que quelques locataires.

C’est par leurs superbes portraits glacés que la visite commence au premier étage. Leurs yeux semblent vouloir nous accrocher mais l’on poursuit et quitte l’univers de la pure photo pour rentrer dans les archives que les deux artistes ont réunies pendant 5 ans. Il y a bien sûr des plans des appartements vides, décalés comme des coquilles vides ou empilés pour un effet panoptique de prison abandonné. Il y a aussi, sur papier qu’on est enjoint à emporter, l’histoire en pointillés de quelques locataires. Au sous-sol, quelques portraits encore, mais surtout photographiés ou directement présentés, les vestiges retrouvés dans les appartements vidés : effets personnels, papiers chiffonnés, tracts des promoteurs promettant un petit paradis, il y a 5 ans, et aujourd’hui cruellement ironiques. Le tout forme un monde en soi, une petite utopie qui aurait mal tourné et qui pointe vers une société sud africaine complexe, avec un passé trop lourd pour que les couleurs et les traits épurés du design contemporain des classes moyennes viennent apporter un peu de (demi)teinte aux habitants successifs de la tour. A force de passer d’un extrême à l’autre, POnte City semble s’être calcinée et en sortant de l’exposition, on a aussi l’impression d’avoir vu les vestiges d’un haut lieu de culture après une catastrophe. Beau, vivant et à la fois terrible.

L’exposition est co-produite avec le FOTOMUSEUM (Anvers), en collaboration avec la Goodman Gallery, Cape Town et Magnum Photos.

Visuel : Michael Subotzky & Patrick Waterhouse, Ponte City, 2008-2013 © Magnum Photos

Infos pratiques

Braderie de Lille
Fondation Maeght
Louise Faucheux

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