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Sur le pouls culturel de “Paris Romantique 1815-1848” au Petit Palais

Sur le pouls culturel de “Paris Romantique 1815-1848” au Petit Palais

25 May 2019 | PAR Yuliya Tsutserova

Cet été, de 22 mai au 15 septembre, le souffle du vent romantique anime les galeries du Petit Palais transformées en microcosme de la vie culturelle de Paris à l’époque : une expérience éducative et tonifiante à refaire à maintes reprises. L’exposition “Paris Romantique 1815-1848“, conçue par les équipes du Petit Palais, du  Musée Carnavalet, du Musée des Arts Décoratifs, et du Musée de la vie romantique. Une  scénographie immersive des sites emblématiques de la période évoquant des personnalités, des événements et des œuvres, formateurs de l’esprit romantique à multiples facettes. 

L’itinéraire commence par les intérieurs du Palais des Tuileries hantés par les échos des fameux bals costumés de la duchesse de Berry et le parfum de l’argile du salon-atelier néogothique de Marie d’Orléans, la fille de Louis-Philippe et la sœur de Ferdinand-Philippe. Le palais s’ouvre sur une reconstruction époustouflante de la galerie d’Orléans au Palais-Royal, l’apogée de raffinement et une mine de trésors : les costumes les plus élégants prêtés par le Palais Galliera, les broderies délicates, les éventails décorés des miniatures, les porte-bouquets, les fermoirs de bracelet d’orfèvrerie fabuleuse, une flûte traversière rare aux améthystes prêtée par le Musée de la musique, les bols et vases en verre pastel doré. Une exposition en soi…

Après le shopping, l’on passe au sublime dans le Salon du Louvre, une récréation figurant les peintures de Chassériau, Delacroix, Girodet, Ingres, Vernet, et Delaroche, aussi bien qu’un ensemble représentant la nouvelle école de la sculpture: Bosio, d’Angers, Pradier, Préault, Barye, et Duseigneur. Les œuvres à ne pas manquer : Le Christ au jardin des oliviers (1826) par Eugène Delacroix, exposé au Salon de 1827, le Réveil du juste, réveil du méchant (1835) par Émile Signol, le Roland furieux par Duseigneur, et le Portrait d’Isaure Chassériau (1838) en poupée de porcelaine par l’élève d’Ingres, Eugène Amaury-Duval.

Un bref passage par le Pont Neuf et l’on se trouve devant Notre-Dame de Paris (1831) de Victor Hugo (1831), mais c’est aussi la redécouverte enthousiaste du Moyen-Âge à travers les aquarelles anglaises de Thomas Shotter Boys, la collection des objects médiévaux d’Alexandre du Sommerard à l’hôtel de Cluny, et le cabinet aménagé par la comtesse d’Osmond. Une place de choix est réservée à l‘Esméralda par Charles de Steuben, exposée au Salon de 1839.

L’instabilité politique et les motifs révolutionnaires de la période sont abordés à travers les caricatures de DaumierGrandville, et Traviès (Enfoncé Racine ! (1829) aussi bien que par deux événements culturels marquants : la création du drame de Victor Hugo, Hernani, le 25 février 1830 au Théâtre-Français, et celle de la Symphonie fantastique d’Hector Berlioz, le 5 décembre 1830 dans la Salle de Conservatoire. À ne pas manquer : le petit « autel » consacré à cette dernière réunissant les partitions manuscrites et le plan de la Salle de Conservatoire avec Liszt, Cherubini, et Paganini en assistance. Un regard sur les monuments les plus marquants de l’époque – la Chapelle expiatoire, l’Église de la Madeleine, l’Arc de Triomphe, la Colonne de Bastille, et le Tombeau de Napoléon – parachève ce volet de l’exposition.

Dans l’ombre de ces brillants succès rêvent les « artistes bohèmes » et les « grisettes » du Quartier Latin se laissant distraire pas le carnaval et la polka immortalisés par les lithographies de Gavarni.

À l’extrémité nord de la ville, autour du Square d’Orléans de la Nouvelle Athènes, se forge un phalanstère artistique au cœur duquel George Sand et Frédéric Chopin. Parmi les jouaux de ce volet : le portrait de George Sand (1838) par Auguste Charpentier, le portrait de Franz Liszt (1839) par Henri Lehmann, et le portrait de la courtisane inégalée et épouse de Rossini Olympe Pélissier (1830) par Horace Vernet. S’y joignent des révélations de l’intimité des modèles vivants et des « lorettes » : la désarmante Femme à mi-corps couchée sur un divan (1829) par Joseph-Désiré Court et la sarcastique Mérite des femmes (1842) par Gavarni.

Aux Grand Boulevards, ce sont les muses de l’opéra, du théâtre, et de la danse qui inspirent les grands « vedettes » comme Maria Malibran, Harriet Smithson, Marie Taglioni. Le portrait remarquable de Maria Malibran en Desdémona de l’Othéllo par Henri Decaisne capte une grande sensibilité tragique ; Harriet Smithson (1825) par George Clint rappelle la venue des acteurs britanniques à Paris et l’intérêt accru à Shakespeare ; le portrait de Marie Taglioni et son frère Paul dans le ballet de La Syphide (1834) par Gabriel Lépaulle célèbre l’arrivée du ballet romantique des créatures d’Outre-monde, en robes blanches éthérées.

L’époque romantique est vouée à la désillusion, mais son enchantement est, heureusement pour nous, prolongé par deux volets complémentaires, L’Allemagne romantique au Petit Palais et Paris Romantique 1815-1848 : Salons littéraires au Musée de la vie romantique, aussi bien que sous forme d’une programmation des concerts et des conférences d’une richesse extraordinaire à rassasier le romantique secret en nous tous.

Visuels : © Yuliya Tsutserova

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Christophe Dard
Titulaire d’un Master 2 d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Christophe Dard présente les journaux, les flashs et la chronique "L'histoire des Juifs de France" dans la matinale (6h-9h) sur Radio J. Il est par ailleurs auteur pour l'émission de Franck Ferrand sur Radio Classique, auteur de podcasts pour Majelan et attaché de production à France Info. Christophe Dard collabore pour Toute la Culture depuis 2013.

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