Théâtre
Sister aux Subsistances de Lyon

Sister aux Subsistances de Lyon

30 November 2015 | PAR Elodie Martinez

“C’est l’histoire de frère, l’histoire de soeur. L’histoire de deux enfants blonds du palais lumineux. Ils feront le serment solennel de rester unis. Pour désarmer et dissoudre les ligues factieuses. Pour défendre et développer les libertés démocratiques. Et pour assurer la paix humaine. Il écrira plus tard des poèmes. Elle criera contre l’adversité. Il deviendra gros, mangeant à toute heure du jour et de la nuit pour se fabriquer une graisse protectrice, une cuirasse de pachyderme, un scaphandre de sauvetage, une tenue de cachalot…”

[rating=2]

Hélène Mathon, auteure, comédienne et metteure en scène, a command? le texte de Sister à Eugène Savitzkaya qui a déjà publié divers recueils de poèmes et des romans. Au coeur du texte, un frère et une soeur devant vivre avec la schizophrénie du premier.

Au commencement de la pièce, une toile blanche éclairée à contre-jour sur laquelle naît sous les mains de Bérangère Vallet que l’on ne voit pas une sorte de tâche noire, de façon apparemment anarchique. Un coup de noir par-ci, un autre par-là, puis les coups se rejoignent pour donner des formes et évoluer, laissant le public y voir ce qu’il souhaite, rappelant le test de Rorschach, ce fameux test des tâches d’encre associé aux psychologues. Puis tout cela s’uniformise pour ne former qu’une sorte d’énorme tâche noire qui sert de toile pour faire apparaître le frère et la soeur, un arbre, un décor….

La majeure partie de la mise en scène est d’ailleurs dans ce jeu artistique relevé par Bérangère Vallet tandis que le comédien Hubertus Biermann déclame le texte, marchant dans ce qui sert d’espace scénique, même si le véritable espace est ailleurs, entre la toile et le texte. Notons cependant quelques petits défauts dans la prononciation pas toujours très claire de l’orateur. Les mots sont parfois un peu mangés, comme si la bouche en était pleine… Certainement le micro dans l’acoustique de la salle n’aide-t-il pas pour cela.

Deux parties semblent se distinguer dans cette mise en scène : la première est celle durant laquelle seuls le noir et le blanc cohabitent sur la toile. Une très belle image naît d’ailleurs lorsque Hubert Biermann se trouve contre le fond, à contre-jour, apparaissant ainsi en blanc, paradoxalement aux dessins aux lignes blanches sur fond noir. Vient ensuite le temps où la maladie prend un nom, jamais prononcé toutefois. Les vies basculent, prennent un nouveau tournant. Le frère n’a-t-il déserté que l’armée ou bien aussi la réalité? Aux noir et blanc s’ajoute alors la couleur, mais par formes, par tâches, par coups et non par dessins.

Tandis que l’histoire se poursuit, les couleurs s’ajoutent pour former un monstre coloré en forme de poisson. Est-ce la maladie? Difficile à dire… Le narrateur enlève sa chemise, restant en marcel, puis fait une ouverture dans la toile. Il la soulève, l’enjambe, clôt son histoire avant de refermer ce bout de toile déchirée, nous laissant ainsi devant ce grand poisson que d’autres petits rejoignent…

Les oeuvres dites contemporaines sont souvent assez obscures pour la compréhension quand elles ne sont pas clairement expliquées. Il faut bien avouer que, si l’histoire des deux personnages est assez lisible et compréhensible, elle n’emporte pas aisément le public et l’on s’interroge sur le message de ce spectacle, même si l’on sait quil est “fait pour envisager ce qu’il nous reste d’accueillant pour le “différent” lorsqu’il nous est si proche”. Les sons, quant à eux, n’ont rien d’agréables, étant probablement là pour nous faire entrer, d’une certaine façon, dans l’esprit du frère.

©Romain Etienne / item

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