Théâtre
« Oscar et la dame rose », les derniers jours cocasses et poétiques d’un petit garçon

« Oscar et la dame rose », les derniers jours cocasses et poétiques d’un petit garçon

09 October 2018 | PAR Magali Sautreuil

Mon cher Oscar, quel sacré bonhomme tu es ! Tu as beau n’être qu’un enfant, tu es bien plus courageux que bon nombre d’adultes ! Rien ne t’effraie, surtout quand Mamie Rose est avec toi ! Tous deux réunis, vous êtes invincibles et même si la mort s’associe à la maladie, elle ne saurait venir à bout de ta joie de vivre ! Et c’est avec plaisir que nous vous avons rencontrés à la comédie Bastille…

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Nul ne devrait avoir à enterrer son enfant. Cela va à l’encontre du cours de la vie. Mais la maladie, comme la mort, se moque bien de cela. Elle peut frapper n’importe qui, n’importe quand. C’est ce qui la rend si redoutable. Personne n’est vraiment préparé à ce genre de situation. Rares sont ceux qui peuvent la regarder en face. Oscar le sait mieux que quiconque… Il le dit lui-même : « Si tu dis le mot mourir à l’hôpital, tout le monde devient sourd. » Pour lui, les adultes, à commencer par ses parents et le docteur Düsseldorf, sont des lâches. A l’exception de Mamie Rose…

Mamie Rose est la plus vieille des bénévoles qui viennent voir les enfants hospitalisés. Et, pour quelques jours, elle sera la visiteuse exclusive d’Oscar. Malgré son âge, elle ne manque pas de peps, surtout dans sa façon de parler. Et de l’énergie, Oscar en a grandement besoin, la fatigue le gagnant de plus en plus à cause des traitements et de la maladie.

Ce n’est qu’un petit garçon. Il doit avoir sept ou dix ans tout au plus. Pourtant, il est déjà à la fin de sa vie. Atteint d’une leucémie, il est entré dans la phase terminale de son cancer… Mais il n’a pas peur. Et puis, il peut compter sur Mamie Rose, qui est prête à tout pour rendre ses derniers jours agréables, y compris prétendre être une célèbre ex-catcheuse : l’étrangleuse du Languedoc !

Aspect onirique

Comme Oscar ne grandira jamais et afin qu’il n’éprouve aucun regret, elle lui propose un petit jeu : faire comme si un jour équivalait à 10 ans et écrire quotidiennement à Dieu pour lui donner ses impressions. Le jeune garçon, malgré ses doutes quant à l’existence de Dieu, relève le défi au pied levé et grâce à ce stratagème, ses derniers jours vont être riches en émotions et en aventures.

Au fil des jours, ses rapports avec les autres enfants vont évoluer et se complexifier, surtout avec les filles et en particulier avec Peggy Blue. Oscar en pince pour elle, mais qu’est-ce qu’il est maladroit et ô combien touchant ! Mais accordons-lui un point : leur premier baiser, échangé sur la musique de la fée Quenotte dans Casse-Noisette, la scène baignée d’une lumière bleutée, est sublime. Il faut également avouer qu’il est difficile d’agir selon l’âge qu’on est censé avoir, mais dont on ignore tout et que l’on n’atteindra jamais. Mais ça, les autres enfants n’en savent rien, seule Mamie Rose est au courant.

Du coup, Einstein, dont le crâne est rempli d’eau, Pop Corn, 1m10 de haut pour 1m10 de large, Bacon le grand brûlé, Peggy Blue, qui a la maladie bleue, Sandrine la Chinoise, qui souffre également de leucémie, Brigitte la trisomique, ses deux lâches de parents et le docteur Düsseldorf, continuent de traiter Oscar comme un petit garçon, alors que chaque jour, il a dix ans de plus. Cela n’est pas sans créer quelques malentendus et situations cocasses… Ainsi, malgré le contexte, l’atmosphère n’est ni lourde ni triste. Au contraire, Oscar, bien que faible, vit intensément chaque moment.

Il semble bien entouré. Pourtant, sur scène, il est seul. Les différents personnages qui l’accompagnent ne sont que des voix… Cela donne au récit un aspect onirique… mais cela traduit également l’immense solitude d’Oscar. Ces deux sensations se trouvent amplifier par l’accumulation impressionnantes de jouets et le format démesuré de la chambre d’hôpital dans laquelle évolue le petit garçon. La chaise, le lit… sont énormes, au point que le comédien adulte, avec son pyjama rayé bleu et blanc et ses chaussettes grises et rouges, ressemble à s’y méprendre à un enfant.

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Et c’est à travers ses yeux de gamin que nous découvrons son quotidien, celui d’un enfant hospitalisé confronté à la maladie, à la mort et à l’absence de ses parents. Mais grâce à la fraîcheur et à la naïveté de l’enfance, son récit n’a rien de pathétique : il est sincère, touchant et même amusant. Sacré Oscar !

Oscar et la dame en rose, d’après le roman d’Éric-Emmanuel Schmitt, mise en scène de Lucie Muratet, avec Pierre Matras, les jeudis à 21 heures, les vendredis à 19 heures et les weekends à 17 heures, du 20 septembre 2018 au 6 janvier 2019, à la Comédie Bastille. Durée : 1 heure 25.

Visuels : Affiche officielle et photographie d’Isabelle Matras

Infos pratiques

Association Arsène
Studio Théâtre (STS)
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