Le livre de ma mère d’Albert Cohen par Patrick Timsit au Théâtre de l’Atelier
Patrick Timsit, par une dernière métamorphose, débute au Théâtre de l’Atelier une nouvelle tranche de sa carrière artistique. Mis en scène par le talentueux Dominique Pitoiset son rôle d’Albert Cohen dans Le livre de ma mère le propulse dans la petite catégorie des seul en scène magnifiques, et accessoirement efface définitivement le ratage en 2012 de son interprétation de Stefan Zweig.
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Un chant d’amour et de mort
Avant de changer de titre, certainement sous la pression de son éditeur, le livre de ma mère s’appelait “un chant de mort”. Car le livre est une oraison funèbre, une bénédiction commémorative pour une mère qui n’est plus et qui a laissé son enfant orphelin, peureux et abandonné à une tristesse ineffable cependant qu’il ne renonce pas à décrire et à une mélancolie nostalgique que l’auteur, malicieux, avoue ridicule pour s’y laisser tomber un peu plus encore. Je veux aller me promener avec elle et je veux l’écouter comme personne ne l’écoutait, je veux la flatter, je veux l’embobiner pour qu’elle perde son temps à me tenir compagnie pendant que je me rase ou que je m’habille. ….je veux être malade et qu’elle m’apporte des médicaments à elle, des graines de lin torréfiées moulues et mélangées à du sucre en poudre, c’est bon pour la toux mon enfant.
Patrick Timsit tout en retenue nous raconte cette mère irremplaçable. La mise en scène de Dominique Pitoiset adopte la même retenue et ccompagne cet entre deux de l’adulte qui s’autorise à laisser parler l’enfant en lui.
La nouvelle maturité artistique de Timsit
À la fin de ce poème d’un fils courbé sur la tombe de sa mère, Cohen nous apostrophe et nous rend témoins de ses regrets et de ses remords. Il nous implore d’être plus présents et plus dignes face à nos mères encore vivantes, fussent-elles caricaturales ou ridicules. Sans illusion, son apostrophe pour toutes nos mères déguise un dernier hommage à la sienne. La pièce est touchante, parfois désarmante. Un silence chargé d’émotion s’installe dans la salle. Car Timsit parce qu’il a su lire le texte pour le faire sien réussit trois choses en un geste. Il donne une bande-son au livre de Cohen. Il nous donne à rencontrer la mère de celui-ci. Et dans une nouvelle maturité il laisse l’auteur de Belle du Seigneur se rabattre sur lui. Dans une incarnation miraculeuse de son personnage Timsit magnifique acteur fait oublier Timsit.
Ainsi, la pièce rodée en province et avant une tournée nationale est une magnifique surprise de fin d’année.
Le livre de ma mère d’Albert Cohen
mise en scène et scénographie Dominique Pitoiset
avec Patrick Timsit
conseiller dramaturgique Daniel Loayza
Durée: 1h15
20/12/2017 au 17/03/2018 – PARIS (75) – Théâtre de l’Atelier
01/04/2018 – MOISSAC (82) – Centre culturel
03 & 04/04/2018 – NÎMES (30) – Théâtre de Nîmes
10/04/2018 – AJACCIO (2A) – Espace Diamant
12/04/2018 – MARSEILLE (13) – Théâtre Toursky
14/04/2018 – PERPIGNAN (66) – Théâtre de l’Archipel