Théâtre
“Les petits chevaux, une histoire d’enfants des Lebensborn” revient au théâtre des Gémeaux Parisiens ?

“Les petits chevaux, une histoire d’enfants des Lebensborn” revient au théâtre des Gémeaux Parisiens ?

24 February 2025 | PAR David Rofé-Sarfati

Pièce historique sur les Lebensborn nazis, Les Petits Chevaux explore, avec une tension saisissante, la question fondamentale de la maternité comme origine. La pièce se distingue par une alliance remarquable d’émotion et d’intelligence. Une œuvre bouleversante !

Himmler est né le 7 octobre 1900

Créés en 1935 sous l’impulsion d’Himmler (né un 7 octobre, une date tragique pour les Juifs), les Lebensborn étaient des pouponnières conçues pour assurer la reproduction de la « race aryenne ». Ils constituaient l’une des deux faces de la politique eugéniste et raciste du Troisième Reich : d’un côté, l’extermination des populations jugées « inférieures » avec la Shoah ; de l’autre, la fabrication d’une prétendue élite raciale à travers ces maternités spécialisées. D’abord implantés en Allemagne et en Autriche, les Lebensborn se sont étendus aux territoires occupés, notamment en France. À partir de 1942, ils ont également servi à intégrer des enfants enlevés selon des critères raciaux. On estime à 20 000 le nombre d’enfants passés par ces institutions.

Écrite par Séverine Cojannot, Camille Laplanche, Jeanne Signé et Matthieu Niango (dont la mère est née dans un Lebensborn), la pièce plonge au cœur de l’histoire de ces pouponnières nazies. Fondée sur des recherches documentaires et des témoignages, elle allie rigueur historique et puissance fictionnelle.

Lorsque Violette découvre que sa mère, Hortense (incarnée avec intensité par Nadine Darmon), a été adoptée, elles se lancent ensemble dans une enquête captivante. À travers leur quête, elles affrontent le passé des Lebensborn, les secrets de l’adoption et le destin tragique des Françaises tombées amoureuses de soldats allemands.

Qui était la mère d’Hortense ? Et qui est-elle vraiment, cette Hortense, née Hortensia, mère de Violette ?

Une sublime condensation

Le texte est d’une beauté saisissante et d’une puissance rare. Il offre une plongée intime dans l’horreur des pouponnières nazies à travers un récit profondément incarné. Mais la quête d’Hortense pour connaître ses origines dépasse la seule révélation de son histoire personnelle. Aidée par sa fille, elle se confronte à une question vertigineuse : comment être mère sans savoir d’où l’on vient ?

La pièce stimule notre réflexion autant qu’elle bouleverse nos émotions. Elle entrelace avec rigueur et finesse des interrogations essentielles sur la maternité, ses mystères et ses absences, offrant un labyrinthe d’énigmes et de béances. La mise en scène, portée par une dynamique du trajet, oscille entre trouble et rupture, amplifiant l’intensité du récit. Les comédiennes et le comédien, traversés à la fois par la barbarie et l’humanité, achèvent de bâtir ce vertige immense auquel nous sommes confrontés.

Une œuvre poignante et nécessaire.

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Texte : Séverine Cojannot, Camille Laplanche, Matthieu Niango, Jeanne Signé.

Avec : Florence Cabaret, Séverine Cojannot, Nadine Darmon, Samuel Debure.
Mise en scène : Jeanne Signé.

Crédit photo Jeanne Signé


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David Rofé-Sarfati
David Rofé-Sarfati est Psychanalyste, membre praticien d'Espace Analytique. Il se passionne pour le théâtre et anime un collectif de psychanalystes autour de l'art dramatique www.LautreScene.org. Il est membre de l'APCTMD, association de la Critique, collège Théâtre.

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