Théâtre
“Les optimistes”, le chef d’oeuvre du  Théâtre Majâz est au TGP

“Les optimistes”, le chef d’oeuvre du Théâtre Majâz est au TGP

25 May 2015 | PAR Thibault Montbazet

Au Théâtre Gérard Philippe jusqu’au 31 mai, Les Optimistes invoque les mémoires douloureuses de Palestine et réécrit l’histoire universelle des exilés.

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On a tout dit, tout écrit, tout commenté, tout dénoncé. Israël, Palestine, des meubles dans le décor, de vieux tableaux aux couleurs passées sur nos murs. Le drame est écrit depuis 1948, peut-être depuis plus longtemps, et il continue à se jouer, chacun semblant tenir bien sagement sa réplique. Les Optimistes nous rappelle pourtant la vie derrière la scène, et les désobéissances qui chaque jour, en secret, désavouent le scénario : une invitation à regarder de nouveau.

Création de 2012 du Théâtre Majâz, une troupe de comédiens venant de France, d’Iran, d’Espagne, du Maroc, du Liban, d’Israël et de Palestine, Les Optimistes réactive l’ensemble des mémoires de cette terre promise à trop. Samuel, avocat trentenaire, arrive en Israël pour vendre la maison de son grand-père qu’il n’a pas connu. C’est le début d’une enquête personnelle sur le passé de son aïeul Beno, parti en 1952 d’Europe, ce “cimetière”, pour réaliser le rêve d’Eretz Israël. Une “terre sans peuple” dont la réalité le rattrape pourtant, par la voix de ses anciens habitants réfugiés au Liban depuis la création d’Israël. Persuadé que son utopie ne pouvait vivre par l’exil des autres, Beno s’engage à maintenir l’espoir des réfugiés, ressuscitant dans de fausses nouvelles qu’il leur adresse, l’image d’un Jaffa disparu depuis longtemps. A la manière d’un Good Bye Lenin palestinien, Beno et son groupe inventent finalement une réalité alternative, celle qui aurait dû être : une Terre Sainte ouverte à tous les exodes.

Dans une magnifique mise en scène, quasi-cinématographique, faisant jouer simultanément le présent de Samuel et le passé de Beno, les comédiens du Théâtre Majâz incarnent puissamment le croisement des mémoires. Loin de la facilité de la dénonciation, c’est la vie, l’espoir en chair et en sang qu’ils proposent. Une pièce nécessaire, à montrer à tous : le cri bouleversant et universel de ces réfugiés qui, comme le conclue la pièce, ne cesseront jamais de porter leur maison sur leur dos.

Jusqu’au 31 mai au théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis, et en tournée à l’automne.
Du lundi au samedi à 20?h, dimanche à 15?h?30 – Attention?: samedi 23 mai, horaire spécial «?Un après-midi en famille?»?: 17?h?30 – Relâches lundi 25 et mardi 26 mai
Durée?: 2?h?05 – salle Mehmet Ulusoy

Visuel : DR

Infos pratiques

Association Arsène
Studio Théâtre (STS)
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