“Le temps presse” : la poésie d’une radiophonie musicale
Du 11 au 13 décembre, dans la belle péniche La Pop, se joue Le Temps presse, pièce de théâtre musicale dans le domaine particulier de la radio.
« Hier, avant-hier, il y a une semaine, 15 jours, 15 jours-3 semaines, 1 mois, 3 jours après les élections… »… Obsédé par le temps, Guillaume est présentateur de la matinale d’une radio nationale. Armé de sa bonne humeur communicative et de son assurance, il passe la parole à sa partenaire d’antenne, Amélie, chaque matin. Pourtant, alors que tout semblait être sous contrôle, les pensées et les mots du journaliste s’emballent progressivement et deviennent de plus en plus flous. Il perd lui-même la notion du temps, du réel, envahit par la musicalité et la poésie des mots.
Guy-Loup Boisneau tient l’intrigue à bout de bras, passant d’un rôle à un autre avec une aisance étonnante. Les voix de Stephane, l’ingénieur son, et d’Amélie le soutiennent tout au long de la pièce, donnant la fausse impression qu’il n’est pas seul sur scène, devant les spectateurs.
La radio devient un espace poétique où l’actualité brute entre au service d’une fin onirique. Si la diction et la compréhension du présentateur radio est clair au début de la pièce, plus cette dernière avance et plus les mots se mélangent, se confondent et disparaissent dans une sorte d’échos, d’amas de voix qui viennent occuper tout l’espace sonore.
En un peu plus d’une heure, le comédien nous fait passer du rire à l’émotion, réussissant à rendre son personnage attachant, dominé par sa lutte infinie contre une solitude perdue dans la multitude.
A l’arrière plan, un décor très simple composé d’une peinture et de cadres vides occupent l’espace scénique. Le comédien passe derrière eux pour aller d’une séquence à une autre, de son bureau de chroniqueur à son atelier/salon. Ce spectacle s’amuse à rendre difficile la perception du présent, du passé et du futur. Guillaume lui même semble s’y perdre, n’ayant qu’en tête les mots manquants à sa collection, les mots qu’Amélie n’aurait jamais prononcé.
Violeta Cruz et Guy-Loup Boisneau sont les deux metteurs en scène de la pièce. Elle, compositrice et artiste sonore colombienne, lui, comédien percussionniste qui a récolté près de deux ans de journaux radiophoniques. L’humoriste Jos Houben est lui même venu apporter sa patte à l’ouvrage pour renforcer l’harmonie du spectacle.
Ces trois artistes avec Le Temps presse nous ouvrent alors les portes d’un studio de radio pour nous dévoiler un univers empli d’une poésie insoupçonnée.
Le Temps Presse, du 11 au 13 décembre 2019, à la péniche La Pop, dans le cadre du Festival Mesure pour Mesure du Nouveau théâtre de Montreuil – CDN
Visuel : ©François Le Guen