Théâtre
Avignon OFF : Le Journal d’un fou de Gogol mis en scène par Bruno Dairou au Cabestan

Avignon OFF : Le Journal d’un fou de Gogol mis en scène par Bruno Dairou au Cabestan

06 July 2021 | PAR David Rofé-Sarfati

Succès du Off depuis 2013,  Le Journal d’un fou nous offre cette huitième édition au Cabestan à 11 h 30.

Antoine Robinet et Bruno Dairou son metteur en scène, ont entrepris une aventure périlleuse. Le Journal d’un fou, stupéfiante destinée d’un petit fonctionnaire qui devient roi d’Espagne, seule œuvre de Gogol écrite à la première personne est un texte émouvant, mais périlleux pour son adaptateur. Il s’agit de rendre compte de cette lente chute vers la démence sans surjouer le fou, sans emprunter aux codes du cirque ou du théâtre de boulevard.

La nouvelle est le journal intime tenu de par Poprichtchine; celui-ci y raconte les épisodes de sa vie, de son travail. Il y consigne aussi ses sentiments, en particulier ses émois devant la fille de son directeur. Très vite des signes de folie apparaissent : il espionne discrètement les discussions de Medji, une chienne, il lit les lettres que Medji aurait écrites à une autre chienne. Le jeune fonctionnaire perd lentement tout lien avec la réalité ; il s’auto proclame  le roi d’Espagne. Et sera emmené de force vers un asile psychiatrique. À la fin de la nouvelle, il nous questionnera par une phrase impossible : hé, savez-vous que le dey d’Alger a une verrue juste en dessous du nez ?

Le caractère du fou, comme celui de l’ivrogne ou de l’idiot possède au théâtre ses codes dont il était interdit de s’approcher. Ce Poprichtchine devait être ni le fou de Shining ni le Joker de Batman. Non plus le fou fatal de Rigoletto. Au fond, nous aurions accepté peu quant à son interprétation. Le Popritchine de Robinet est pour cela une totale réussite. Antoine Robinet tient le personnage dans une interprétation juste sans jamais lâcher sur l’essentiel : c’est Popritchine lui-même qui écrit son histoire. Son élocution ponctuée de légères scansions et le bruit entre les scènes d’une goutte tombant dans une enceinte où elle reçoit son écho, métaphore de son cerveau vide, sont les seuls artifices de jeu.  Robinet est Popritchine fou et rien d’autre.

À découvrir ou redécouvrir à l’Albatros le texte immense à l’humour contenu de Nicolai Gogol.

 

LE JOURNAL D’UN FOU de GOGOL
Albatros, 29 rue des Teinturiers, 84000 Avignon, à 17H20, durée 1 h 00

 

 

 

photos : Jean-Claude Lallias, © Cie des Perspectives 2014

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