Théâtre
La femme tiroir de la divine Wedia au Théâtre de Ménilmontant

La femme tiroir de la divine Wedia au Théâtre de Ménilmontant

19 September 2017 | PAR David Rofé-Sarfati

Comédienne danseuse peintre et écrivain, Wedia vient dans la difficile grande salle du Menilmontant aux allures de salle des fêtes, incarner un texte  intense sur le destin d’une femme La femme tiroir. Et c’est splendide.

Wedia : Je me suis interrogée sur le fait d’être une femme libre aujourd’hui, sur ma position de femme métisse et amoureuse, sur nos questionnements, nos doutes, nos certitudes et nos œillères.

La femme tiroir renvoie aux peintures et aux objets de Dalí. Elle renvoie aussi à cette façon freudienne de décrire la mémoire et l’inconscient, la psyché en général. Le tiroir à demi ouvert ou fermé dans l’attente qu’une âme cherche à l’ouvrir, ou à double fond  est l’endroit des souvenirs préservés et du mystère, le lieu des secrets cachés.

Une femme est seule dans une chambre d’hôtel vêtue seulement d’une chemise blanche. Elle va se livrer, dévoiler son intime dans une suite de rencontres, histoire d’amour ou histoire de dépits. A chaque fois l’écriture holographique propose le général dans le détail ; chaque épisode raconte l’ensemble qui raconte cette femme.
Et le plateau est le fond d’un tiroir, le livre de sa vie est devant nous et les pages se tournent. Dans ce décor minimaliste la mise en scène mêle harmonieusement le théâtre la danse, les installations – Janique Bourget a inventé un splendide théâtre d’objet – et des projections de video (créations renversantes de Margaux Rodrigues et de Maxime Breteau).  Au centre du plateau et au sein du texte rendu ainsi à sa force la femme tiroir se glisse, se présente à nous et s’anime, traversée par les mots.
La femme tiroir de Wédia est une statue vivante à la Dali, une vénus de Milo à tiroir qui nous invite à explorer chaque tiroir entrouvert pour une réécriture des mystères de la féminité. La plume de Wedia est intense, particulière. Très personnelle, vite nous dirons qu’elle rappelle Leonard Cohen, Maurice Magre ou Violette Leduc, elle est rude parfois enveloppante, toujours émouvante. Parce que le texte est radical et farouche et parce que Wedia fait œuvre, elle offre à son texte son talent de danseuse, en le saisissant sans jamais le blesser, par petites touches donc, et sa retenue de danseuse virtuose qui se refuse à faire le Show, nous oblige à l’envahissement par lui : ce texte justement, et le débordement des émotions se déverse sur le public, bouleversé.

Auteur et mise en scène: Wedia
Décors : Janique Bourget,
Vidéos : Margaux Rodrigues, Maxime Breteau,
Assistante chorégraphique : Roxanne Ouazana

Crédit Photos @margaux_rodrigues

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