« Knock ou le triomphe de la médecine » au Théâtre de l’Epée de Bois : un spectacle rafraîchissant !
Ce classique absolu porté par Louis Jouvet dans les années 20 apparaît sous le prisme d’Olivier Mellor comme une satire violente et universelle bordée par des aspirations très pop !
Knock (Stephen Szekely) est un médecin douteux à l’attraction puissante. Tel un gourou sans vergogne, il débarque à Saint-Maurice et reprend la clientèle quasi-inexistante du très loufoque Docteur Parpalaid (Rémi Pous). Appliquant des méthodes de séduction frôlant la perversion, le nouveau docteur du village étend son pouvoir hypnotique sur des malades qu’il finit par rendre hypocondriaques. Cette fable d’un cynisme déroutant est ici sublimée par une mise en scène qui surfe sur des eaux cinématographiques. On passe d’un tableau à l’autre, envouté par une bande de saltimbanques qui distillent des chansons parfois légères parfois touchantes avec génie.
Cette petite ginguette désordonnée qui témoigne du désespoir béant de ces habitants qui se sentent flattés qu’on s’intéresse à leurs petits maux est d’une poésie folle. Les protagonistes, tout aussi rock’n’roll que les projections psychédéliques lancées comme des shoots puissants, font preuve d’une grande subtilité de jeu. Ils assument un grain de surréalisme explosif tout en gardant cette noirceur, ce couperet incroyablement présent dans ce récit dramatique.
L’intemporalité de cette farce tragique nous saute à la gorge et certains dialogues sont tout à fait glaçants comme lorsqu’une vieille femme demande au docteur Knock : “Combien est ce que ça me coûtera ? » Réponse : « ça dépend combien valez-vous aujourd’hui ?”
La mise en scène d’Olivier Mellor est originale et singulière et nous redonne à voir ce Docteur Knock avec plaisir et envie.
Visuel © Karine Thénard