
Jean Moulin, fiction historique de Jean-Marie Besset au Dejazet
Au Théâtre Dejazet la pièce Jean Moulin de Jean Marie Besset, présentée comme une fiction historique constitue une salutaire messe d’un évangile républicain doublée d’une authentique leçon d’histoire contributive et édifiante.
En juin 1940, les Allemands déferlent sur la France, pourchassant une armée française en déroute. À Chartres, un préfet entre dans l’histoire. Jean Moulin, préfet de 40 ans comprend très vite que la libération du pays ne pourra venir que du Général de Gaulle et des Français de Londres. Lui homme de gauche s’allie à un De Gaulle homme de droite pour sauver la France et son honneur. Au terme d’une journée de torture, il tente de se suicider plutôt que d’attester un compte rendu où les Allemands accusent des tirailleurs sénégalais d’atrocités sur des civils.
Jean-Marie Besset écrit en quatre actes les chroniques de cette époque cruciale autour de la vie et la mort héroïque de Jean Moulin. Quatre temps 1940, Invasion, 1941, Résistance, 1942, Organisation, 1943, Passion, où l’on croise De gaulle, Klaus Barbie, les résistants qui vendront Moulin aux Allemands. Ou nous croiserons des femmes lumineuses (Sophie Tellier, Laure Portier et Loulou Hanssen sont merveilleuses chacune dans leur emploi) qui, presque anonymes, écriront elle aussi l’histoire.
On reconnait la plume de Besset; le texte est magnifiquement littéraire. Il fonde notre bonheur à assister à la représentation. Les comédiens sont engagés et poussent leur proposition avec talent. Les personnages féminins sont admirables. De Gaulle (Stéphane Dausse) est plus vrai que nature et Jean Moulin (Sébastien Rajon sait défendre ce rôle complexe) se construit devant nous avec ses aspérités ses grandeurs et son mystère. Interprétant celui qui deviendra pour le pays une métaphore il tricote son personnage dans l’inconnu de sa dimension affective et social, collant et dessillant alternativement la figure du héros. .
Le geste aurait été excellent sans une scénographie vieillotte et éprouvante cependant que la pièce brille par la beauté du texte dont son ambiguïté au diapason de cette époque troublée, une ambiguïté parfaitement restituée dans le jeu des comédiens.
Crédit photo : Lucas Dubosc
Jean Moulin
de Jean Marie Besset
au Théâtre du Dejazet